Revenons donc à la fin des années 70 et penchons nous sur un quatuor de personnes qui eurent une grande importance dans l’évolution de Marvel durant les années 80 en créant certaines tendances éditoriales et en développant d’autres qui essaimeront tout au long de la décennie.
Au premier rang, on trouve l’editor-in-chief Jim Shooter qui est en train de revitaliser la compagnie tout en orchestrant la mutation de celle-ci en une véritable entreprise.
A la fois intéressé par le côté artistique et par le côté purement économique, il tenta durant un grande partie de sa carrière de résoudre cette éternelle contradiction quitte à s’y brûler les ailes et à se mettre une grande partie des acteurs du marché américain à dos, sa personnalité pour le moins controversée venant aussi mettre du poids dans la balance de ses ennemis.
Malgré un côté control freak qui tournera parfois à la dictature, il faut lui reconnaître une certaine vision du marché qui l’emmena à savoir saisir différentes vagues artistiques et commerciales et lui permirent de faire totalement de Marvel (à cette époque) l’acteur qui domine le marché d’une ombre qui peut parfois faire oublier la forêt qui se cache derrière l’arbre.
De ce point de vue, et malgré les côté moins reluisants de sa personne, il faut reconnaître que Shooter est (à cette époque?) un homme qui sait reconnaître les tendances artistiques intéressantes et les intégrer dans la compagnie dont il a la charge, réussissant ainsi à donner une certaine hétérogénéité et qualité au catalogue de Marvel.
De même, il sait alors tirer parti des parcours et des qualités des personnes qui l’entourent afin de servir au mieux les différents titres et collections de la compagnie.
On peut par exemple citer Tom DeFalco…
DeFalco sort alors tout juste d’un long parcours éditorial chez Archie Comics où, outre la série principale, il a aussi touché a beaucoup de séries sous licences et/ou multimédias telles que Scooby-Doo ou Josie & the Pussycats.
Nulle surprise donc à ce qu’on le voit écrire ou oeuvrer en coulisses sur des titres tels que Dazzler, Star Wars, les Star Comics, les Transformers (brièvement), G.I. Joe , Red Sonja ou encore Spider-Man sous le règne de Shooter (tous ces titres étant alors sous licences ou largement adaptés sur d’autres supports).
Mais on peut aussi parler du regretté Archie Goodwin…
Marqué depuis sa plus tendre enfance par les EC Comics, Goodwin ne cessa de maintenir vivant tout un pan de la bande-dessinée américaine, tout ce qui découle du pulp (polar, horreur, science-fiction, aventure, espionnage… ), durant la majeure partie de sa carrière.
Commençant chez Harvey Comics, il fut ensuite le maître d’oeuvre des magazines Creepy, Eerie ou Blazing Combat chez Warren (où il créa aussi une certaine petite vampire).
Il fut aussi en charge des titres « guerriers » de DC dans les seventies et écrivit longtemps le strip d’un de ses maîtres, Secret Agent X-9.
Bénéficiant du respect de la profession entière et étant en contact avec les plus grands, il s’avère capable d’attirer même les auteurs rétifs à travailler chez Marvel dans ses filets.
C’est ainsi qu’on retrouve Goodwin sur Star Wars mais aussi et surtout sur Epic Illustrated et la ligne qui en découla.
Troisième personnage important dans l’organigramme éditorial du Marvel de l’époque et qui nous permettra d’enfin rentrer dans le vif du sujet : Al Milgrom.
Milgrom possède un parcours protéiforme puisqu’il toucha autant au poste d’editor que de scénariste, de dessinateur ou encore d’encreur.
Il travailla autant sur du pur superslip (Captain Marvel ou bien Firestorm) que sur des genres le rapprochant plus de Goodwin (avec qui il travailla chez Warren) comme lors de ses passages chez Charlton ou Atlas/Seaboard.
Et finalement, cela se reflète aussi dans sa carrière éditoriale puisqu’il eu en charge la joyeusement bordélique (mais de qualité) anthologie Marvel Fanfare ou, donc, la très polymorphe collection des Marvel Graphic Novels.
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