Graphic Nuggets, Marvel Graphic Novels, Trans-America-Express

Préambule II

MGN1
© Marvel Comics

Vous pouvez retrouver la première partie ici.

Allez hop !!
Pour une fois, il est permis d’être chauvin et de saluer l’influence qu’eut notre pays et la bande-dessinée franco-belge sur Jim Shooter et la manière dont il s’appliqua à transposer une partie des codes sur la marché américain, brisant en cela les frontières culturelles.
Toute la branche Epic découle déjà de cette fascination et de la frustration d’avoir laissé s’échapper Métal Hurlant dans les mains de l’éditeur National Lampoon (on y reviendra un jour et papy « Moumoute » Stan n’a pas le beau rôle dans cette histoire).
Mais en 1982, les choses s’accélèrent et Shooter entame les grandes manœuvres.

La raison à cela ?
Il faut la chercher à peu près deux à quatre ans auparavant quand Shooter s’échine à sortir la compagnie du chaos éditorial et du marasme économique dans lesquels elle s’enfonçait, Marvel survivant alors principalement grâce à l’énorme succès du comic book Star Wars (succès qui fut lui aussi responsable d’une certaine évolution de la compagnie).
Cherchant alors à valoriser les revenus de son catalogue pouvant provenir de l’étranger, le grand (par la taille) Jim prend sa valise et entame un tour du monde afin de vérifier comment les éditeurs licenciés font leur travail, voir comment améliorer cela ou démarcher de nouveaux éditeurs.
Arrivé en France, Shooter se trouve enchanté par les chiffres de ventes et la gestion que fait l’éditeur Lug de son catalogue. Il faut dire aussi qu’il débarque au moment où la revue Strange atteint son plus haut pic de popularité, bien aidée qu’elle est par la diffusion du dessin animé Spider-Man (pourtant vieux des années 60) à la télévision.
Le grand ponte marvélien sympathise avec Claude Vistel directrice de publication et fille d’un des deux fondateurs de Lug.

Claude Vistel 2

Cette dernière amène un jour Shooter à un festival de BD et celui-ci reste ébahi par la diversité, la qualité et le format des albums européens.
Cette découverte resta un bon moment dans l’esprit de l’editor marvélien et en 1982, suite au succès de la revue Epic Illustrated, il décide de tenter « l’expérience européenne » à plus grande échelle en créant d’une part le label Epic Comics et d’autre part la collection des Marvel Graphic Novels.
Ces derniers sont le format qui se rapproche le plus de ce que l’on connaît par chez nous: Les albums sont au format franco-belge, contiennent une histoire indépendante et déconnectée de la continuité (même si ce dernier point changera selon les publications) et s’étalant sur plus de pages que le comic book normal, la production des GN n’est pas soumise à l’infernal rythme mensuel et permet donc de faire un travail de qualité supérieure sur les dessins et les couleurs.
Surtout, la collection permet de s’affranchir du cadre du Comics Code Authority (puisque publiée directement dans le cadre du direct market) et d’aborder des sujets inhabituels par rapport aux comics mensuels et donc de toucher d’autres publics effrayés par le format « à suivre » ou qui ne trouve habituellement pas d’intérêt au genre superslip.

Au final, la collection s’avèrera assez polymorphe (ou bordélique, selon votre point de vue) comme nous le disions plus tôt : aventures de super-héros reprises ou pas dans la continuité selon le bon vouloir des auteurs, annexe aux adaptations de films après l’arrêt de la collection Marvel Super Special, présence de creators owned, séries venant de chez Epic ou en partance vers ce label…

Bref, c’est l’auberge espagnole à la Marvel Fanfare… à grande échelle cette fois-ci.
Malgré cela, la ligne survivra assez longtemps, s’arrêtant officiellement en 1990 mais continuant en fait officieusement jusqu’en 1993, totalisant ainsi 75 œuvres (plus 6 autres publiées par Marvel UK).
Durant cet intervalle, les lecteurs purent assister à l’apparition d’histoires qui ont marqué les mémoires, à d’autres qui mériteraient d’être redécouvertes et à certains jolis gadins aussi (surtout vers la fin de la collection en fait).

Mais nous n’en sommes qu’au début et à ce moment là, Marvel sait qu’elle doit taper un grand coup pour imposer sa nouvelle collection.
Ce sera chose faite grâce aux imaginations conjointes de Milgrom et Shooter qui trouvent un pitch surprenant et le confinte à un artiste ayant livré certaines des œuvres les plus intéressantes des seventies.
Cette alliance fera du premier Marvel Graphic Novel un succès commercial et critique qui marquera plusieurs générations de lecteurs et est depuis considéré comme un des grands classiques de la compagnie : The Death of Captain Marvel.

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s