
« Suite à un attentat, la Nation met en place le programme de surveillance Orwell. Parviendrez-vous à remonter la piste des terroristes avant que de nouveaux drames surviennent? »
Bon, le titre du jeu d’Osmotic publié en 2016 dit plus ou moins tout et en ces temps d’actualité brûlante, Orwell vous offre la possibilité d’entrer dans la peau d’un agent de type NSA.
Et nom de dieu, qu’est-ce que c’est passionnant!!!
L’interface peut paraître austère au premier abord puisque vous naviguez entre historiques internet, e-mails, conversations enregistrées… en clair, vous aurez l’impression d’être au travail, ce qui pourra en rebuter certains.
De même, amateurs de graphismes qui dépotent, passez votre chemin si c’est votre seul critère de jugement d’un jeu.
Une fois passé cet avertissement, il faut bien reconnaitre qu’au bout de quelques minutes on se trouve complètement immergé dans l’histoire et l’on est très vite pris par la fièvre de l’enquêteur.
Le joueur doit donc surfer sur les différents médias utilisés par les suspects, recouper les indices, établir des connexions entre certains comptes, savoir trier l’important de l’inutile pendant qu’un sentiment diffus de voyeurisme coupable se met à l’envahir.

Même si le jeu emprunte parfois quelques raccourcis un peu « faciles », il touche directement au but en confrontant le joueur à nombre de dilemmes moraux.
Autant le dire tout de suite, il sera impossible d’avancer sans faire parfois de faux pas aux conséquences tragiques ou prendre des décisions dont on ne sera pas vraiment fier.
On se retrouve en permanence sur le fil entre suspicion généralisée et empathie pour les personnes sur lesquelles on enquête et l’on mettra parfois de longues minutes avant de décider quels éléments nous transmettrons (ou pas) à notre superviseur.
Bémol, car il en existe toujours un vu que la perfection n’est pas de ce monde, certains indices sont parfois un peu capillotractés et le joueur se retrouve à tout sélectionner pour enfin débloquer l’indice utile (heureusement, c’est rare).
Certains ergoteront aussi que la toile de choses et de personnes sur lesquelles on enquête est limitée. C’est un faux problème car aucun jeu, de surcroît l’oeuvre d’un petit studio indépendant, ne pourra jamais retranscrire l’immensité d’une vie virtuelle qui ne cesse de grandir tous les jours.
L’un des tours de force du jeu reste quand même de montrer que même en ces temps de surveillance de masse et d’exhibitionnisme en ligne de tout un chacun, il reste toute une part de la vie, des pensées, des actes de chaque personne qui reste dans l’ombre et ne peut être « capturée » par la mémoire informatique de nos outils hyper-connectés.
En soi, c’est une petite lueur d’espoir et un avertissement bienvenu quant à la manière dont nous devons considérer les autres.
