
Commençons donc par faire un point sur la genèse de l’univers 2099 lancé en 1992.
Une origine qui tint en fait du feuilleton au long cours et qui occupa les Stan’s Soapbox de la Moumoute au plus haut des cieux dès les débuts de l’année 1990 (les surnoms Moumoute/Dentier/Moustache furent utilisées dès mes lointaines premières chroniques pour parler de Stan Lee… et n’y voyez là aucune insulte, aucun outrage, svp).
Ainsi, lors de sa Soapbox, sorte d’éditorial traitant aussi bien des comics que d’autres sujets selon l’humeur, du numéro 90 (Avril 90) de Marvel Age, le magazine « infomercial » servant à promouvoir les différents titres Marvel, notre Moumoute en phase de pré-retraite annonce fièrement qu’il est en train de travailler sur une version futuriste des héros de la compagnie.
La Moustache Brillantinée continue d’allumer le chaland en teasant que le projet sera un Marvel Graphic Novel écrit en tandem et dessiné par l’un des artistes les plus populaires de l’industrie.
Le Dentier Etincelant lâche enfin sa petite bombe le mois suivant en annonçant que le co-scénariste et dessinateur n’est nul autre que John Byrne et que leur projet se nomme The Marvel World of Tomorrow.
Notre Toupet tourbillonnant déborde tellement d’enthousiasme pour le projet qu’une version abrégée de sa Soapbox est reproduite dans tous les numéros de septembre 1990 et continue à teaser ses lecteurs ébahis en déclarant que l’histoire se déroulera dans un futur proche et ne mettra en scène que des protagonistes inédits même si l’agence d’espionnage du SHIELD existe toujours (novembre 90) et qu’il est dirigé par le héros du GN, Ravage (janvier 91).
En Avril 1991, il promet dans sa Soapbox de révéler le mois suivant le titre final du projet et puis… et puis, plus rien.
Le mois suivant se passe sans que l’Amnesic Mustache ne revienne sur le sujet. En mai? Pas mieux!! En Juin, ma soeur Anne? Non, je ne vois toujours rien venir à l’horizon.
Les mois passent et s’écoulent avant que le projet disparaisse des consciences pour finalement ressurgir… chez un autre éditeur.

Comme l’expliqua John Byrne dans son introduction à sa série Next Men, le one-shot 2112 paru chez Dark Horse fin 91 et servant de prologue à la dite série est en fait le projet Marvel World of Tomorrow retravaillé.
On y retrouve un espion borgne (tiens tiens) à la tête d’une agence gouvernementale s’opposant à l’armée de mutés menés par un savant fou en armure fortement inspiré par Doom, Sathanas (la boucle temporelle constituant l’arc narratif de ce personnage a aussi probablement inspiré le série Doom 2099 mais nous y reviendrons dans un prochain article).
Byrne déclara qu’après avoir commencé à développer le projet d’un futur officiel de Marvel pour la Moumoute Dilettante, il s’est pris d’amour pour l’histoire qu’il mettait en place et qu’il préféra garder tout cela pour lancer son propre creator owned chez Dark Horse.
D’autres sources évoquent aussi un différent créatif entre les deux hommes mais sans plus d’informations concernant cela, nous ne nous avancerons pas sur ce terrain.


Toujours est-il que, bizarrement, ni Marvel ni notre Postiche Décoiffé par ses évènements ne s’émeuvent pas de cette perte.
Peut-être faut-il y voir là le contrecoup de l’affaire Kirby qui ébranla les années 80 et écorna quelque peu l’image et la mise en plis de notre Toupet.
En conséquence, il est tout à fait possible que ce dernier n’ait pas eu envie de se retrouver à nouveau dans la tourmente.
Toujours est-il que la Maison des Idées décide soudainement au début de l’année de se repencher sur l’idée initiale de la Cybermoumoute et de développer l’idée d’une version futuriste de son univers slipesque sur une collection entière de comic books.
Est-ce là une volonté de se venger du séditieux?
Que Nenni!!
La véritable raison est que Marvel, sous la pression de son nouveau président Ron Perelman suite aux chiffres de ventes délirants de l’année 91, est dans une optique de conquête agressive du marché et se met à inonder les étals d’une multitude de série afin d’étouffer la concurrence.
L’éditorial reprend donc le projet en main et 5 editors, Tom DeFalco, Fabian Nicieza, Bob Harras, Ralph Macchio et Mark Gruenwald travaillent ensemble d’arrache-pied afin de pondre la bible de ce que sera l’univers 2099 et le pitch des premières séries.
Ils refilent ensuite le tout à un editor nouvellement arrivé et transfuge de chez DC, Joey Cavalieri, afin de recruter les équipes artistiques et lancer la production de 4 comic books:
- Spider-Man 2099 de Peter David et Rick Leonardi (il était inconcevable que le porte-étendard de Marvel ne soit pas de la fête)
- Punisher 2099 de Pat Mills, Tony Skinner et Tom Morgan (Pupu est alors un personnage au moins aussi surexploité jusqu’à l’overdose que Deadpool l’est de nos jours)
- Ravage 2099 de Stan Lee et Paul Ryan (découlant donc directement du projet initial)
- Doom 2099 de John Francis Moore et Pat Broderick (l’invité surprise et incongru mais pas tant que ça finalement au vu de ce que nous avons dit plus haut)
L’arrivée de ces nouveaux titres est finalement annoncée dans Marvel Age 117 est programmée pour décembre 1992 afin de concurrencer les premiers comics (sortant le même mois) d’une nouvelle compagnie fondée par les superstars qui ont fait le succès de Marvel en 1991: Image Comics.
L’univers 2099 s’avèrera dans un premier temps un certain succès donnant naissance bien vite à de nouvelles séries avant d’être l’une des premières victimes de l’instabilité éditoriale de Marvel et de la crisa qui frappera les comics au milieu des années 90.
Mais nous n’en sommes pas encore là et le prochain article reviendra donc sur la version futuriste de l’arachnide.
