Graphic Nuggets, On the Run(s), Red is the New Black

3/ The Nightmare before Christmas (Daredevil 241)

Sous une très belle couverture de Mike Zeck et Klaus Janson se cache certainement la plus faible histoire écrite par Nocenti durant la première moitié de son run, histoire qui reste cependant une curiosité par la présence du dessinateur invité : Todd McFarlane.

daredevil 241
©Marvel Comics

C’est Noël à Hell’s Kitchen.

Daredevil passe du temps avec les Fatboys et empêche les jeunes malandrins de racketter les bonnes âmes.
Karen prépare le dîner en compagnie d’Hilda, une ex-junkie larguée par son amant et protégée de notre couple de héros.
Le Trixter, un cascadeur maître du déguisement au chômage décide d’amuser les gens mais aussi d’attirer l’attention de celui qu’il considère comme une âme-soeur, Daredevil.

Il se lance donc dans une série de cascades de haut-vol sans se rendre compte qu’il met le public en danger.
DD intervient mais est considéré comme un trouble-fête bagarreur par la foule. Lors d’une de ses confrontations avec le Trixter, ce dernier se crucifie au sommet de l’Empire State Building comme un émule d’Houdini mais finit brûlé par la foudre.

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©Marvel Comics

Et nous avons ici une histoire très…. confuse.
Pourtant Annie Nocenti déborde d’idées, de beaucoup d’idées, de trop d’idées justement.
Il y a pleins de réflexions et d’amorces d’idées intéressantes dans cet épisode sauf que la scénariste n’arrive pas à les canaliser dans une histoire cohérente.
Du coup, la lecture de ce numéro se révèle quelque peu difficile tant tout cela est assez abscons.
L’histoire semble partir dans toutes les directions pour finalement n’aller nulle part.

C’est bien dommage parce qu’en soit ce loner regorge de moments et de dialogues qui pris séparément les uns des autres sont assez excitants sauf que Nocenti n’arrive pas vraiment à les lier entre eux de manière cohérente, naturelle ou passionnante.
En conséquence de quoi, c’est un coup d’épée dans l’eau même si la scénariste met ici en exergue quelques points et motifs qu’elle développera de bien meilleure manière par la suite.

ddmcfarlane
©Marvel Comics

Il y a bien sûr ce thème du Noël des déshérités sur lequel elle reviendra deux fois par la suite.
L’omniprésence de la neige ainsi que la figure d’un ange déguisé en diable affrontant un (faux) démon sont aussi des images que nous reverrons plus tard.
Il y a son portrait de Karen Page qui se réalise et retrouve un sens à sa vie en aidant les autres.
Il y a l’image d’un DD incognito sous un chapeau et un imper et son rapport avec les enfants qu’il tente de guider mais aussi l’influence néfaste que peut avoir un justicier acrobate casse-cou sur eux (faire justice soi-même).

Il y a encore et toujours l’image publique du justicier qui se trouve décontenancé par les réactions de Karen, de la foule, du Trixter ou des Fatboys face à sa manière d’être, autant de personnes qui ne retiennent de lui et de son action que le spectaculaire et la violence (ce qui à l’heure de l’information-spectacle sonne finalement assez précurseur).
Autant de bonnes idées qui malheureusement n’arrivent pas encore à se concrétiser de manière cohérente ou excitante.
Un brouillon en somme mais qui contient pas mal d’idées en germe et qui écloreront avec beauté par la suite.

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©Marvel Comics

Côté dessins, le McFarlane de l’époque se révèle forcément plus excitant que l’ennuyeux Williams et parvient à donner un certain dynamisme à l’histoire.
De plus son côté cartoony et grotesque s’accorde finalement assez bien à ce conte de Noël déviant.
Alors en période d’essai chez Marvel avant son run sur The Incredible Hulk, il effectue un clin d’oeil sympathique à son propre parcours et à ses envies pour le futur lorsque le Trixter fanfaronne dans une boutique de déguisements où l’on trouve des tenues de Batman, Coyote et Infinity Inc , séries qu’il anima chez DC, mais aussi de Hulk et Spider-Man.

Par contre, on retrouve les défauts habituels du dessinateur comme des physiques bizarroïdes, une narration décousue, des personnages en ombres chinoises, un découpage assez catastrophique…
Il se permet même de décalquer certaines cases célèbres de Frank Miller ou David Mazzuchelli, ce qui constitue au final un bel aveu d’impuissance.

Agréable donc mais pas non plus transcendant et qui ne parvient malheureusement pas à masquer l’indigence du scénario, mais comme dit le proverbe « Rome ne s’est pas faite en un jour » et Ann Nocenti continuera de patiemment poser ses pierres dans les épisodes suivants.

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©Marvel Comics

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