Graphic Nuggets, On the Run(s), Red is the New Black

4/ Money, it’s a gas (Daredevil 242)

DD242
©Marvel Comics

Un autre loner dessiné encore une fois par un dessinateur invité, le vétéran Keith Pollard, mais cette fois-ci plus intéressant et plus regroupé dans son propos.

« Joe est un pauvre travailleur syndicaliste révolté par la façon inhumaine dont son patron traite ses employés.
Lors d’une discussion, il pète un câble et assassine le « riche porc capitaliste » et sa femme.
Horrifié par ce qu’il a fait, il décide de se rendre et appelle la police.
Ces derniers croyant à un canular, il contacte le Daily Bugle où un certain Simon en mal de scoop sent qu’il tient là un bon papier et convainc Joe qu’il n’est finalement qu’une sorte de Robin des Bois moderne.

Joe le prend au mot et décide de s’en prendre à tous ceux qu’il considère comme de vilains exploiteurs sous le nom de Caviar Killer.
Toute cette folie est bien sûr alimentée par les manipulations de Simon qui le suit à la trace et reporte ses exploits dans le Bugle, en faisant ainsi un héros hors-la-loi pour les travailleurs.

Pendant ce temps, il commence à y avoir de l’eau dans le gaz entre Karen et Matt.
Il faut dire qu’elle est quelque peu perturbée par l’image violente de son homme que les médias véhiculent.
Est-ce que ces mains couvertes du sangs des malfrats sont bien les mêmes qui l’enlacent tendrement tous les jours ?

Matt, lui, ne semble pas comprendre l’opinion que les médias, les habitants de New York et sa compagne ont à l’égard de ses méthodes.
Il ne comprend d’ailleurs pas plus pourquoi les partisans de Joe l’empêchent d’appréhender le tueur.
Heureusement, les mots de DD réussissent à faire prendre conscience à Joe qu’il est allé trop loin et ce dernier se rend aux autorités.
Le diable rouge livre aussi Simon à la justice considérant qu’il partage aussi la responsabilité dans toute cette affaire. »

Killer
©Marvel Comics

Un numéro avec encore plusieurs maladresses mais qui fonctionne néanmoins toujours assez bien pour notre époque ayant vu défiler les Indignés, les Gilets Jaunes ou autres « Occupy Wall Street ».
Alors certes, traiter de tout cela en un seul comic book de 22 pages entraîne forcément des raccourcis et autres facilités.
Le tout aurait gagné à être décompressé sur plusieurs numéros afin d’être traité plus en profondeur mais aussi afin d’éviter un sentiment de zapping qui fait que la carrière de Joe et de ses partisans ainsi que la résolution de la faire semblent être survolées (elles le sont).

Il y a néanmoins de quoi se mettre sous la dent dans ce récit traitant pêle-mêle des luttes de classe, des constructions médiatiques et de la course au sensationnel, du décalage entre l’image et la réalité, des leaders dépassés par les mouvements auxquels ils donnent naissance…
Ann Nocenti ménage toutefois la chèvre et le chou et la conclusion diffère de l’arc consacré à Rotgut.
Ainsi, si le patron de Joe était l’exemple typique du « salaud de patron » jusqu’à la caricature, la femme qu’il assassine quelques pages plus loin utilisait sa richesse afin afin de soutenir les plus démunis.
Les circonstances et les convictions honorables de Joe n’apportent donc aucune légitimité à ses meurtres et il doit donc répondre de ses actions devant la loi.
De plus, l’histoire malgré son ton toujours très à gauche typique de la scénariste rejette néanmoins le fantasme du grand soir cher aux communistes de tous poils.

Caviar
©Marvel Comics

Par contre, la charge envers les médias est sévère puisqu’elle y dépeint des journalistes plus soucieux de raconter une « histoire », un roman médiatique, que d’apporter la vérité, à l’exception de Ben Urich évidemment.
Si elle pointe la responsabilité que peuvent avoir les médias, la conclusion prête quand même à sourire tant on se demande bien quel tribunal pourrait condamner Simon.
La scénariste continue aussi d’explorer l’image de DD auprès du public et de questionner ses actions afin de préparer le retour d’un Matt Murdock juriste…  même si ce ne sera pas pour tout de suite et pas sous la forme que les lecteurs connaissaient jusqu’alors.

Keith Pollard accomplit pour sa part un travail classique dans la forme mais pas foncièrement désagréable, un peu dans la lignée d’un Sal Buscema.
Le prototype de l’artisan solide qui ne brille certes pas trop mais qui sait raconter une histoire en images en somme.
Au final, on obtient un épisode « loner » remplit de certaines maladresses toujours principalement dues à une volonté de dire beaucoup (trop?) en peu de pages et une vision de la société très marquée qui divise le lectorat.
Reste que les thématiques de l’épisode trouve encore leur place de nos jours, comme dans cet arc de Spider-Man avec Electro en héros du peuple, et qui prend étrangement une résonance encore plus forte au regard de l’actualité de ce début d’année 2019.

Caviar Killer
©Marvel Comics

 

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