
Comme nous l’avons vu précédemment, l’opération Assistant Editors’ Month n’a eu quasiment aucune incidence sur les séries régulières menées par Chris Claremont.
Mais le scénariste vedette de Marvel à l’époque participa quand même à la fête par le biais du 7ème Annual de sa série Uncanny X-Men.
Ce numéro, derrière une couverture de John Romita Jr encré par son père, est dessiné à quatre mains par les trop rares Bret Blevins et Michael Golden est un prétexte au délire intégral et au foisonnement de références en tous genres vu qu’il confronte les X-men au personnage Marvel qui peut le mieux représenter la dimension borgesienne et nanardesque à la fois de l’AEM : l’Homme Impossible !!!
C’est ainsi qu’on voit les X-men poursuivre le dingue verdâtre qui s’amuse à voler différents items emblématiques de l’univers marvel (le patch de Nick Fury, le tigre à dents de sabre Zabu, les costumes de la Guêpe…) avant de débarquer dans les bureaux de Marvel pour kidnapper celui qui doit être son plus grand trophée : Stan Lee !!!
Ce dernier passage sera prétexte à mettre en scène toute une tripotée d’auteurs et d’éditors marveliens dont une version croquignolette d’Ann Nocenti dessinée par Fred Hembeck (je reviendrais sur sa participation à l’AEM plus tard).

Cependant, ce passage en revue des troupes peut paraître quelque peu abscon pour le lecteur français qui n’a pas eu accès aux Marvel Age de l’époque qui permettaient de mieux connaître l’organigramme de la maison d’édition.
Pour l’amateur de comics retro, c’est par contre un pur petit bonheur qui permet de mettre un visage (même caricaturé) sur des noms qu’il a croisé bien des fois dans les crédits de ses illustrés.
4 gags ressortent particulièrement du lot:
- Les remarques sur la garde-robe quasi-illimitée de la Guêpe qui montre bien qu’aucun dessinateur n’a jamais réussi à lui donner un look marquant.
- Une conversation surréaliste entre Eliott R. Brown, Mark Gruenwald et Mike Carlin, rédacteurs des fiches Marvel Universe (celles qu’on trouvait dans Strange Spécial Origines) sur comment réussir à justifier les changements de taille de la queue de Zabu et qui démontre dans quel genre d’impasse peu conduire l’obsession de la continuité.
- Une parodie d’une très célèbre séquence de romance tirée des Nick Fury de Jim Steranko et qui avait été censurée de manière ridicule au prétexte que l’atmosphère était trop sexuée.
- Et finalement, un Homme Impossible ayant pris l’apparence de notre ami Le Dentier Rutilant et qui nous confirme que le sieur Lee portait bien une magnifique moumoute.

Outre les différents items de l’univers Marvel, on pourra aussi remarquer que l’Homme Impossible s’est aussi servi chez la concurrence puisque l’on aperçoit dans le coin d’un case la clef de la Forteresse de Solitude de Superman et le penny géant de la batcave… le petit sacripant a même dérobé le Faucon Millenium de papy Lucas.
Comme les épisodes des Fantastic Four et d’Alpha Flight, et même si l’on se contrefout de l’AEM, cet annual est néanmoins à posséder pour cette bouffée de folie que Claremont réitérera et affinera dans ses collaborations avec Alan Davis et Arthur Adams où il s’amusera aussi à mettre en scène le staff éditorial de Marvel.
Malgré notre amour pour Michael Golden et Bret Blevins, on tempèrera notre opinion en signalant que le graphisme de Blevins est encore hésitant et que la présence d’une ribambelle d’encreurs qui durent se relayer dans l’urgence pour pallier au retard de Golden (et qui fut aussi la raison de l’aide apportée par Blevins) casse quelque peu la cohérence graphique.
Jugez donc de la liste : Golden et Blevins eux-mêmes mais aussi Tom Mandrake, Bob Wiacek, Terry Austin, Brett Breeding, Bill Anderson, Joe Rubinstein, Steve Leialoha et Al Milgrom.
Cependant, si vous voulez avoir un aperçu exact de la tournure d’esprit qui était demandé aux auteurs lors de l’Assistant Editors’ Month, cet annual est immanquable.

J’avais été déçu de la prestation de Golden dont je suis un gros fan! L’intérêt d’un tel épisode, est d’entraîner l’œil et de « comprendre » ce qu’est l’art de l’encrage. En effet, il est facile de voir les différences entre un Terry Austin et Brett Breeding (dont j’aime beaucoup le travail sur Ron Frenz ou Bob Hall)
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Ah c’est clair que la prestation de Golden est très inconstante sur cet Annual même si ça passe mieux en noir et blanc (vu que j’ai l’épisode dans les Essentials). Certaines pages sont très belles et d’autres sont franchement bâclées et montre qu’il devait être bien à la bourre.
Quand aux pages de Blevins (p.28 à 32), elles sont anodines et à mille lieues de son style habituel.
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