
Un autre épisode traitant de la chance… ou plutôt de la malchance pour le coup.
« Nigel Townes savait bien qu’il n’aurait pas dû laisser monter ce type en costume rouge de carnaval dans son taxi.
Non seulement il a échappé de peu à une fusillade mais voilà que maintenant il est placé sous protection judiciaire.
Et le type en rouge continue de lui coller aux basques pour soi-disant le protéger.
Et voilà que maintenant c’est un tueur à gages du nom de Chance qui en veut à sa peau.
C’est vraiment une sale semaine pour Nigel. »
Exceptionnellement ce n’est pas Ann Nocenti qui écrit cette histoire mais l’ancien editor Jim Owsley.
Bientôt en partance de chez Marvel suite à diverses embrouilles avec le reste du staff éditorial, chose typique de la Maison des Idées en ces années 80, il opte pour le ton de la comédie et du buddy movie pour ce fill-in décalé.
Imaginez Daredevil devant bosser avec le Eddie Murphy de 48 Heures et vous aurez une idée de ce récit enlevé et plein d’humour.
Owsley se fait plaisir en alternant les gags et les quiproquos à toutes les pages et son Nigel à autant de malchance et de mauvais caractère que Donald Duck.
Rien que la première scène assez WTF et voyant DD entrer dans le taxi de Nigel pour poursuivre des malfrats donne le ton.
Aucune volonté de réalisme, de réflexion, d’étude de caractère ou autre, juste une semaine particulièrement agité dans la vie d’un pauvre quidam.
Le résultat est souriant même si rien ne fera réellement se décrocher la mâchoire du lecteur à l’exception d’un grand moment qui voit DD dans son collant et un Nigel en serviette de bain débarquer dans un bar de bikers bas du front.
Ce fill-in aurait cependant gagné à être illustré un dessinateur possédant un sens plus cartoony, plus slapstick que Tom Morgan.
Il ne livre heureusement pas encore le genre d’horreurs qu’il « dessinera » dans les années 90 mais sa copie servile du style Marvel classique entre Kirby et Romita Sr n’aide pas à véhiculer l’humour du script et rend finalement ces tribulations plus triviales que ce que Owsley voudrait en faire.
Un fill-in pas désagréable donc mais carrément dispensable tant il confine à l’anecdotique.
