2099: The World of Tomorrow (of Yesterday), Graphic Nuggets, Marvel Extravaganza

With No Direction Home (X-Men 2099)

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©Marvel Comics

Pitch: « En l’an 2099, alors que les mutants commencent à réapparaître sur Terre après une grande Purge, un nouveau groupe de X-men se dresse afin de… haha !! »

Suite au relatif succès du quarteron original (Spider-Man, Ravage, Doom et le Punisher.. dont nous parlerons plus tard), Marvel se dit qu’il serait bon d’étendre la gamme et part piocher dans ses réussites commerciales de l’époque les personnages qu’elle entend mettre à la sauce 2099.
Cela nous donnera donc des versions futuristes de Hulk (non traduit en VF excepté un épisode de 2099 Unlimited) et de Ghost Rider (qui sera l’objet du prochain article).
Dans cette optique, il est logique que Marvel entame le lancement de ces concepts en adaptant le comic book qui tient alors le haut des ventes : X-Men.

Pour la partie scénaristique, le staff éditorial se tourne vers l’artisan du hit surprise (Doom 2099) de ce nouvel univers, John Francis Moore.
Pour en savoir plus sur J-F Moore, nous vous renvoyons à nos articles ici et là.

Du côté graphique, alors qu’on pourrait s’attendre à l’arrivée d’un dessinateur « flashy » comme on en voyait alors sur les séries X (Joe Quesada, Greg Capullo, Joe Madureira…), la maison aux idée préfère confier les dessins à Ron Lim.
Si ce dernier est un artisan sympathique, on ne peut pas dire que son graphisme fasse des étincelles (ce serait même plutôt lénifiant (bon, excepté le RCM Thanos, ok!)).
Il faut sûrement voir dans ce choix une marque de confiance de l’éditeur accordée suite à sa participation aux sagas cosmiques de Jim  « non, je ne suis pas obsédé par la mort » Starlin qui se vendent alors comme des petits pains.

Un artisan solide et assidu qui peut remmener quelques lecteurs sur son nom, un nouveau venu qui en moins de deux ans a fait montre de ses compétences.
On pourrait se dire que Marvel est partie pour réitérer la recette gagnante de Doom 2099.
Malheureusement il n’en sera rien, la série ne dépassant jamais le stade de sympathique divertissement.
L’échec d’ambition de cette série en revient paradoxalement à J.F. Moore qui fera montre de moins d’inspiration ici que sur son autre série, comme s’il n’était pas vraiment motivé par les tribulations de ses mutants.

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©Marvel Comics

Commençons par les qualités du scénario (car tout n’est pas à jeter, heureusement). Moore applique à nouveau ici la recette qu’il utilisa pour faire de Doom une série intéressante, à savoir essayer de proposer un portrait condensé, un hommage à la série qui inspira cette mouture 2099.
Et qui dit X-men dit Chris Claremont.
Cette nouvelle série est alors marquée par le nombre de clins d’oeil adressés envers papy X.
Alors que son Doom se distingue par la clarté et linéarité de ses intrigues, Moore reprend ici à son compte la profusion de sub-plots alors en vigueur dans l’enseigne mutante avec plus ou moins de bonheur.
De même, les X-Men 2099 ne sont pas avares en soap propre à remplir les pages mensuelles.

Moore régurgite aussi ici certains thèmes et motifs claremontiens tels que les passés mystérieux (Xi’an), les personnages oscillant entre le bien et le mal (Xi’an, Skullfire et… quasiment tout le monde en fait) mais d’une certaine manière c’est aussi l’un des problèmes de la série.
Plus originale à l’époque, la reprise du concept du titre d’équipe sans équipe en écho à la période « post-australienne-pré X-tinction Agenda », l’équipe 2099 ne se trouvant que rarement réunie durant les deux premières années du titre.

De même, Moore met aussi en exergue la tension sexuelle et les fantasmes psychiquo-SM chers à Claremont qui étaient assez absents dans les guerriers mutants bavards et puritains de Scott Lobdell et Fabian Nicieza.
Il suffit de se pencher sur la romance tortueuse entre Skullfire et La Lunatica ou bien le Thêatre de la Douleur qui torture psychiquement ses victimes afin de revendre leurs angoisses à une audience dépravée.
Le leader de cette organisation, Brimstone Love, ressemble d’ailleur à un condensé des figures de Sebastian Shaw, Mr Sinistre et Amahl Farouk.

Moore profite aussi de cette série pour continuer à développer le background de l’univers 2099, la série se passant dans le sud ouest des USA, et en mettant à la sauce 2099 un certain imaginaire collectif (Las Vegas, la mafia) ou en continuant à lancer certaines trouvailles réellement originales et/ou intelligentes.
Le Thêatre de la Douleur donc, mais aussi le personnage du Chauffeur ou celui d’Halloween Jack qui se rapproche pas mal, en tout cas plus que son équivalent marvélien habituel, de la version mythologique de Loki (et du Joker aussi, c’est vrai) ce qui n’est probablement pas un hasard (ceux qui ont lu le crossover des séries 2099 « la chute du marteau » comprendront).

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©Marvel Comics

Malheureusement, ces jolies intentions ne seront pas mises en œuvre avec autant de maitrise que dans Doom 2099 et constituent finalement l’écueil sur lequel la série viendra s’échouer.
A trop vouloir rendre hommage à la série inspiratrice, Moore ne se défait jamais de cet héritage pesant et ne cesse de nous donner à voir des situations et personnages déjà vus moult fois dans Uncanny X-men.
Ce procédé enferme l’auteur dans un processus de comparaison qui tourne systématiquement en sa défaveur vu qu’il ne semble pas motivé plus que cela.

A titre d’exemple, au niveau des personnages, on se retrouve avec :

  • Skullfire, d’abord sorte de croisement d’Havok et Cyclope tant au niveau pouvoir que personnalité, son comportement évoluera vers une sorte de Wolverine mâtiné de Gambit (fait accentué par sa romance avec La Lunatica, sorte de Malicia psychique)
  • Cerebra, la Jean Grey au look de Psylocke
  • Bloodhawk, le Archangel/Wolverine du groupe
  • Meanstreak, sorte de Vif Argent croisé avec la personnalité du Fauve
  • Krystalin, tellement sous inspiration Tornade qu’elle développera une romance avec le Forge de 2099 (Victor Ten Eagles)
  • Serpentina, véritable Kitty Pryde en herbe
  • Metalhead, copie carbone de Colossus jusque par ses liens noués avec Rosa, membre du Freakshow (sorte de Morlocks 2099)

Bref, le décalque des figures populaires du monde X est flagrant et souligne le relatif manque d’inspiration de Moore sur cette série.
Cette impression est encore renforcé durant les deux premières années par des situations souvent vues dans l’univers mutant classique :

  • la première aventure reprenant le modèle du sacrifice d’un personnage afin de souder l’équipe ne fonctionne pas vraiment vu que ceci est accompli de manière tellement mécanique que les sentiments des personnages apparaissent comme artificiels.
  • l’amitié/antagonisme entre Xi’an et Junkpile en lointain reflet de la relation Xavier/Magneto
  • la confrontation avec une version déformée des X-Men d’origines (situation vu un milliard de fois)
  • la longue saga avec le Thêatre de la Douleur rappelant celle du Club des Damnés (avec Xi’an dans le rôle de Phénix).
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©Marvel Comics

Comme on le voit, et malgré son talent pour divertir le lecteur avec une bonne dose d’action et de rebondissements servis avec efficacité, le scénariste patine et donne l’impression de ne pas trop savoir dans quel direction mener sa barque.
Ce sentiment ne quittera jamais le lecteur de par les départs et retours incessants de personnages passant du bien au mal au gré des humeur de Moore comme si ce dernier cherchait devant nous la formule qui pourrait l’intéresser autant que celle qui pourrait nous accrocher.

Comme la plupart des séries 2099, on peut diviser celle-ci en deux périodes (pour la version VF).
Dans un premier temps, JF Moore évite le sempiternel combat pour « protéger un monde qui nous craint et nous hait » (il faut avouer que la mule de l’inspiration claremontienne était déjà bien chargée avec Lobdell et Nicieza) pour nous servir une trame qui pourrait s’avérer intéressante si elle n’était pas suivie de manière assez lâche (au sens de l’inverse de solide) et si elle n’avait pas été déjà utilisée à outrance dans le domaine de la science fiction : la quête d’un refuge mythique pour mutants, soit le genre de récit déjà vu dans L’Age de Cristal, La Planète de Singes, Galactica et quasiment tout ce que compte la science fiction en récits post-apocalyptiques.

Contrairement à la plupart des autres séries du label, X-men 2099 ne se verra pas trop impactée par l’event 2099 AD, le nouveau dirigeant n’intervenant qu’assez peu et servant surtout à lancer la deuxième période de la série dans un joyeux bordel (Pour plus d’infos sur 2099 AD, on vous renvoie ici).
Doom règle en deux temps trois mouvements l’histoire avec Halloween Jack puis Moore se sert de son latvérien favori pour transformer Junkpile en un Judge Dredd pour mutants (les auteurs 2099 aiment bien le Judge) et introduit le contexte de X-nation en faisant des X-men les gardiens de la cité refuge mutante, Halo City, sous l’autorité de son ministre des affaires mutantes, Morphine Somers.

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©Marvel Comics

La seconde et dernière période de la série (pour la VF) se fera donc sous les auspices de la trame de X-nation qui placera nos X-men du futur dans un cadre prophétisant plus ou moins le contexte de Utopia X mais qui ne s’avérera guère plus passionnant que le précédent vu que Moore pêchera encore en puisant à nouveau dans les classiques de la S-F de manière trop appuyée.
Doom demande à Cerebra de regrouper la prochaine génération de mutants parmi laquelle se trouve un messie.
Le latvérien est arrivé à cette conclusion en utilisant la méthode mathématique de prédiction Seldon/Dixon.
Oui oui, comme le Seldon du Fondation d’Isaac Asimov.

Si côté scénario, la série connait donc des hauts et des bas, Ron Lim assure les crayons avec une régularité exemplaire, malgré une valse d’encreurs qui voit passer Adam Kubert, Jim Sanders III et Harry Candelario pour les plus fréquents, durant les 31 premiers numéros (soit la totalité moins un épisode de la série en VF) et se rapproche de part sa monotone efficacité d’un Mark Bagley.
Allez, ne soyons pas chiens et accordons au brave Lim d’avoir même fait une jolie pointe de qualité par rapport à ses standards habituels durant la période allant du numéro 6 au numéro 25 (avec une bonne aide du coloriste quand même).

En résumé, si la série déçoit grandement par rapport à ce que l’on pouvait attendre de la part de son scénariste et manque cruellement de cohésion, elle remplit honorablement son rôle de divertissement super-héroïque marvelien.
X-men 2099 c’est un peu l’équivalent de ces films de 3ème zone qu’on mate le samedi soir sans autre but que de se vider la tête devant une dose d’aventure.
Du coup, même si elle n’est pas la série la plus intéressante du magazine, elle constitue un bonus distrayant à côté de Spider-Man, Doom et Ghost Rider.

Ghost Rider 2099 qui sera le sujet du prochain article.

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©Marvel Comics
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©Marvel Comics
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©Marvel Comics
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©Marvel Comics
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©Marvel Comics

2 réflexions au sujet de “With No Direction Home (X-Men 2099)”

  1. je la trouvais effectivement légèrement divertissante cette tite’série, elle me hypait en espérant que ça prenne le chemin de la légion des super heros des années 80 (cad aucune limite scénaristique puisqu’aucun impact fort sur le line up de l’univers marvélien, en clair que « tout soit possible »), sauf que finalement c’était assez plan-plan face aux autres productions 2099, et surtout, je suis désolé mais l’artisan Ron Lim m’est toujours sortit par les trous de nez..
    Bon du coup tu m’as quand même donné envie de les relire, ce que je n’ai jamais fait depuis leurs sorties mensuels.

    Aimé par 1 personne

    1. Ah ça, une version Marvel et plus cyberpunk que space-opera de la LdSH, ça aurait pu être intéressant, en effet.
      Par artisan, je voulais dire qu’il avait des bases classiques solides mais il n’a pas d’imagination et n’a jamais cherché à progresser (c’est même plutôt l’inverse).
      Après, je n’ai pas détesté ses prestations sur Captain America, Thanos Quest et une partie de ses XM2099 et Silver Surfer mais il été surtout accompagné d’encreurs et de coloristes qui savaient palier ses défauts.
      En tout cas, je suis bien content si tu as envie de relier certains vieux épisodes. C’est tout le but de ce blog 🙂

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