Graphic Nuggets, On the Run(s), Vert de Gris

1/ Hulk and the Uncanny Pantheon (Hulk 379 & 381 – 382)

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©Marvel Comics

Tout commence donc par une trilogie qui place tous les pions avec lesquels David va s’éclater durant presque 4 ans.

Tandis que Samson se demande si la fusion des différentes personnalités de Hulk est réellement complète, Bruce Banner n’en a cure et décide de fêter sa nouvelle condition dans un bar.
L’organisation dite Le Panthéon qui gardait un œil sur les activités de Hulk depuis un moment tente de convaincre Banner de les rejoindre et devant son refus l’enlève par la force.
Leur mystérieux chef, Agamemnon, réussit finalement à convaincre Banner de rejoindre son organisation en jouant sur sa culpabilité.

Pendant ce temps, Betty a bien du mal à s’habituer à la nouvelle condition de son mari.
Ne reconnaissant pas « son » Bruce dans ce géant vert plein d’assurance, elle se résout de prendre de la distance.
Décidée à reprendre sa vie en main avant de savoir si elle reste avec son homme ou pas, elle se met à la recherche d’un travail et, contre toute attente, entame une colocation avec Marlo, la fiancée de Rick Jones et accessoirement ex-maîtresse de Hulk.

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©Marvel Comics

Peter David fait preuve de génie avec la constitution de ces deux groupes qui vont vite dépasser la simple opposition entre civils et superslips pour se répondre l’un à l’autre et questionner le genre super-héroïque.
PAD va pourvoir selon son humeur moquer les codes du genre, les confronter à leur limites face à la réalité et étudier les réactions de simples personnes évoluant dans cet univers peuplé de monstres surpuissants.

C’est un magnifique équilibre qu’atteint là l’auteur puisqu’il permet à sa série de ne jamais tomber totalement dans la farce ou de s’échouer sur l’écueil d’un pseudo-réalisme morose.
Tout en permettant au scénariste de continuer à travailler subtilement la dualité Banner/Hulk, ces deux casts agissent aussi comme une balance au sein de la série.
David peu ainsi passer du rire aux larmes avec bonheur au sein d’un même épisode puisque lorsqu’un groupe emmène sa part de drame, l’autre le contrebalance avec une salutaire dose d’humour et de décalage.

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©Marvel Comics

Avec la création du Panthéon, David fait un mix de certains des meilleurs éléments existant dans le Marvelverse.

On trouve donc le mystérieux et quelque peu manipulateur leader Agamemnon, l’héroïque et quelque peu coincé Ulysse, son rival narquois et lui aussi manipulateur Paris, l’énigmatique prophétesse Pythie, l’invulnérable et arrogant Achille (sauf à proximité des rayons gamma), le cynique et défiguré Prométhée, le sympathique gay bien dans ses baskets Hector, la craquante Atalante et le géant sensible et quelque peu limité Ajax qui agit comme un reflet de l’ancien Hulk vert.
Ce petit groupe d’utopistes retirés du monde et bravant la loi et l’opinion publique pour apporter justice rappelle grandement les X-Men.
L’auteur leur donne la même caractérisation poussée et les mêmes relations complexes où tout le monde semble vouloir coucher avec son prochain que chez les mutants de Chris Claremont.

On y trouve aussi un fort héritage « kyrbien » puisque cette race d’immortels cachés influençant l’Humanité depuis des décennies rappelle aussi les Inhumans ou autres Eternals de King Jack Kirby.
Cette impression est renforcée par l’aspect « panier de crabes » de ce clan miné par les luttes de pouvoir et inimitiés fratricides.
L’influence de Kirby se retrouve aussi dans l’aspect supposément « mythologique » du Panthéon puisque le doute est laissé pour l’instant quant à l’origine d’Agamemnon.
Il est vrai que de part son autorité, ses manipulations et ses coups de gueule autoritaires inexpliqués, Aggy se rapproche d’Odin.
De même pour Ulysse dont le balais dans le fondement semble aussi épais que celui de Thor.
Quand à Paris, il est plus Loki que Loki lui-même dans le rôle du salaud attachant qui fout le dawa autant pour asseoir sa position que pour s’amuser comme le pire des trolls.

Tout ce petit monde se révèle passionnant et l’on se prend vite à lire la série autant pour suivre leurs pérégrinations que pour celles du héros-titre.

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©Marvel Comics

Idem pour l’attachant trio Rick-Marlo-Betty qui restent le point d’ancrage avec le pan classique de la série tout en voyant leurs rôles se renouveler.

Rick est donc devenu cette sorte de geek ultime et de pseudo-célébrité qui a quelque peu perdu contact avec le monde normal.
Cela le rend donc souvent hilarant et lui permet d’apporter une touche de décalage et d’humour saugrenu.
Mais David ne va heureusement pas le cantonner au rôle du comique de service puisque la réalité va petit à petit se rappeler douloureusement à son souvenir dans les prochains épisodes.
Keown va aussi faire sien le personnage de Jones et influencer son scénariste.
Comme nous l’avons dit dans le précédent article, le dessinateur canadien est aussi un metalleux averti, bassiste de son état et dont la maison possède un studio d’enregistrement pour son groupe.
Ainsi Rick va voir ses cheveux pousser de plus en plus, devenir le leader d’un groupe de rock, Seduction of the Innocent (en référence au fameux brûlot anti-comics du Dr Wertham), et se retrouver affubler d’un look le rendant parfaitement cool pour l’époque.

Marlo devient enfin une femme forte avec les pieds bien ancrés sur terre.
Belle, indépendante, dotée d’un fort sens de l’humour et sûre d’elle, elle devient enfin attachante et intéressante à suivre.
Keown en fait enfin la bombe qu’elle est supposée être et elle devient la rousse la plus hot de l’écurie Marvel (la version de Gary Frank ira encore plus loin).
Surtout, elle sert à la fois de contraste et de modèle à une Betty qui se cherche et qui continue sa lente évolution sous la plume de David.
Les deux rivales que tout oppose vont ainsi sympathiser lors d’une cuite mémorable qui va laisser des « traces » et petit à petit devenir les meilleures amies du monde.
La relation entre les deux femmes sera d’ailleurs l’un des moteurs de la série.

Si Betty continue d’évoluer vers un rôle plus fort, Hulk lui aussi continue de changer même si cette fois de manière plus subtile et plus lente que dans les périodes précédentes.

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©Marvel Comics

Premièrement, Peter David donne une direction claire à la série avec un Banner qui voit dans le Panthéon une manière de se racheter pour ses destructions passées et qui devient du coup un personnage pro-actif et non plus un éternel fuyard.
Il fait aussi preuve d’une maîtrise absolue dans la gestion de son personnage tant il alterne sans souci entre les différentes facettes de Hulk qui possède à la fois l’intelligence et la bonté de Banner mais aussi l’humour décapant et la fourberie de Fixit mais, plus inquiétant aussi, pousse quelques coups de colère sanguins et affiche un certain goût pour la baston hérités du Hulk vert.

Samson émet lui-même des doutes quand au succès de son traitement dès le début mais se heurte au refus de Banner d’être suivi.
De même, Betty ne reconnaît que peu son mari dans ce colosse sûr de lui et bien dans ses baskiets.
Mais surtout, la vision finale de Delphi (Pythie en VF) montre bien que les choses ne sont pas terminées puisqu’elle a l’aperçu prophétique d’un Hulk dément et couvert de sang, tour classique qui permet de maintenir l’attention du lecteur quant à la possibilité d’un futur tragique.
Si on entre dans la période la plus « solaire » de The Incredible Hulk, le drame n’est jamais loin.

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©Marvel Comics

 

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