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Starstruck : The Luckless, The Abandonned and Forsaked 1/2 (Elaine Lee/Michael William Kaluta)

 

Starstruck piece 1
©Elaine Lee & Michael Wm Kaluta

Et après, le Marvel Graphic Novel pseudo-féministe consacré à une « actrice », voici le MGN écrit par une actrice réellement féministe.
Et alors attention, là on entre dans la catégorie du très lourd, du culte, de l’indispensable.

Une fois de plus la genèse de ce projet est fascinante et découle tout droit de l’impact culturel énorme qu’eut Star Wars au tournant des années 70-80.
Tout commence en 1980 avec une jeune actrice nommée Elaine Lee.

Elaine Lee

A cette époque, Elaine Lee est un visage assez connu des téléspectateurs américains grâce à son rôle dans la très populaire série The Doctors.
Et pourtant, alors que le succès et la reconnaissance sont en train de poindre leurs nez, elle prend une décision qui change sa vie.
Car voilà, Lee est une féministe de la seconde génération et se sent quelque peu corsetée par le show-business.
Blonde et de petite taille, elle se voit principalement proposer des rôles de jeunes ingénues ou d’écervelées.
Se sentant prisonnière des stéréotypes, elle ne voit pas pourquoi son physique serait un obstacle pour jouer, à tout hasard, « une amazone capitaine de vaisseau spatial totalement bad ass ».

C’est dans cette optique de jouer les rôles qu’on ne lui donnera jamais qu’elle fonde la compagnie de théatre Wild Hair Productions en compagnie de sa sœur Susan Nortfleet Lee et de leur camarade acteur Dale Place.
La petite troupe se fait rapidement un nom sur la scène off de Broadway avec ses deux premières pièces, Brief Lives et The Contamination of the Kokomo Lounge.

Pour leur troisième pièce, les sœurs Lee, inspirées par le succès de Star Wars et toujours soucieuses de revaloriser la place des femmes dans les différents types de fiction, se mettent à puiser dans leurs souvenirs d’enfance (leur père était un immense fan de science-fiction) et principalement dans Star Trek afin d’écrire les aventures frappadingues d’un groupe de femmes fortes dans l’espace : Starstruck !!!

C’est alors qu’elles sont en train de discuter de leur nouveau projet dans un café que la connection avec le monde des comics s’effectue en la personne de Mike Kaluta.

Mike Kaluta

Né le 25 août 1947 au Guatemala de parents américains, Michael William Kaluta a commencé sa carrière chez Charlton Comics.
Plus intéressé par le fantastique et le pulp en général que par les superslips, il intègre rapidement le staff de DC comics où il devient l’un des plus gros et des meilleurs contributeurs des diverses anthologies d’horreur de la compagnie (House of Mystery, House of Secrets…).
Son graphisme ultra-détaillé inspiré des grands maîtres du strip et du monde de la peinture en font très vite un chouchou des fans grâce à l’énorme succès de sa version du Shadow dans les années 70.

S’intéressant à toutes les facettes des arts graphiques et se sentant un peu à l’étroit dans le monde des comics, il fonde en 1975 l’une de ces communautés typiques des seventies en compagnie d’autres artistes déçus : The Studio.
Regroupant donc Kaluta, Barry Windsor-Smith, Bernie Wrightson, Jeff Jones et plus tard Charles Vess, le studio n’est pas une compagnie à proprement parler.
C’est en fait un simple appartement dans lequel vivent les artistes afin partager aspirations, entraides et conseils (et sûrement aussi quelques joints et filles) en produisant des portfolios, des affiches de théâtre, des peintures, des dessins publicitaires, des comics…

Et c’est ainsi qu’un matin de 1980 il aborde deux jeunes filles discutant d’un projet de SF dans le café qu’il fréquente en se présentant comme artiste et en leur proposant ses services.
Croyant d’abord à un plan drague, Lee garde néanmoins la carte de Kaluta et l’engage finalement, après avoir vu son travail, pour réaliser l’affiche de la pièce.
Kaluta, lui, se prend immédiatement de passion pour le projet et s’investit de toutes ses forces aux côtés de la jeune actrice.
Il rameute son ami Charles Vess et les deux compères dépassent leur fonction initiale en designant et construisant les décors, costumes et accessoires de la pièce.
Au passage, ils apportent à l’univers de Starstruck une patine délicieusement rétro directement héritée de Buck Rogers et de Flash Gordon.

Starstruck piece

Drôle, intelligente, poétique, énergique, engagée, irrévérencieuse, novatrice, truffée de clins d’oeil, la pièce Starstruck obtient un joli succès et acquiert vite un certain statut culte tant et si bien que la pièce est relancée à nouveau en 1983 avec autant de succès.
Mais une chose a changé entre 1980 et 83 puisque l’univers de Starstruck s’est développé sous forme de bande-dessinée.

Il faut dire que, comme pour d’autres « oeuvres-univers », Starstruck dévore l’imaginaire de ses deux créateurs qui trouvent là un moyen de débrider leur créativité.
Ainsi, ayant pris exemple sur le modèle « in media re » du 1er film Star Wars (plusieurs passages de la pièce font référence à des histoires ayant eues lieu des années avant et ayant menées à cette situation), Lee et Kaluta ont commencé à écrire plein de bouts d’idées et aimeraient bien raconter les événements antérieurs à la pièce.
Kaluta, fervent admirateur de Heavy Metal/Métal Hurlant, suggère de se tourner d’abord vers le marché européen.

Les deux amis prennent ainsi contact avec Josep Toutain, agent de plusieurs artistes espagnols ayant alors revitalisés les publications Warren, qui tombe amoureux de la pièce et décide de la publier au sein de l’anthologie espagnole Warren’s Comix Internacional début 1983.
Lee et Kaluta profitent de la liberté de moyens qu’offre la bande-dessinée pour dépasser les limitations du théâtre et se mettent à considérablement étendre l’univers, les thèmes, les influences et les innovations de Starstruck.
Avec vingt ans d’avance sur George Lucas (et beaucoup plus de réussite aussi), les deux compères créent leur propre prequel au travers d’une série de vignettes oscillant entre une planche et une quinzaine de pages.
Fin 1983, suite au nouveau succès de la pièce, Heavy Metal accepte de traduire ces segments dans son magazine.
Pour l’occasion, Lee et Kaluta recrutent un lettreur débutant qui deviendra l’un des plus fameux de la profession tout en contribuant énormément à l’identité déjà bien singulière de Starstruck, Todd Klein.

Toujours à l’affût de projets originaux et de haute-volée, Archie Goodwin ramène les deux auteurs dans le giron du label Epic de Marvel en leur offrant de produire une série régulière Starstruck.
Débordant toujours autant d’imagination et ayant accumulés pléthore d’histoires, Lee et Kaluta acceptent sans se faire prier.
Et c’est ainsi qu’avant de lancer l’ongoing la série fait un détour dans la collection Marvel Graphic Novel, encore une fois pour des raisons de planning d’impression, avec cet album qui réunit en fait tous les segments épars publiés précédemment.

Derrière un sous-titre tiré d’une chanson de Bob Dylan (Chimes of Freedom), que trouve-t’on au final ?

La suite par ici

Starstruck piece cover
©Elaine Lee & Michael Wm Kaluta

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