
The Incredible Hulk se retrouve donc tie-in du fameux event de Jim Starlin durant 3 numéros.
Dans cette mini-série, Thanos, devenu Dieu grâce au Gant d’Eternité, efface la moitié de la population de l’univers avant que les héros tentent de le défaire (on sait même pas pourquoi on résume vu que quasiment tout le monde a vu le film inspiré d’Infinity Gauntlet depuis).
Peter David réussit à composer avec cet envahissant voisin avec maestria puisqu’il va réussir à parfaitement intégrer le pitch de l’event dans sa série et ses intrigues.
Il réussit à l’utiliser pour continuer à bouger ses pions tout en se permettant au passage de traiter d’un point totalement oublié par Starlin.
« Après une nouvelle confrontation avec Betty, Hulk repart quelque peu amer de voir sa belle désirer prendre de la distance et lui demander d’attendre.
Mais il n’a pas le temps de se morfondre puisque le Panthéon requiert ses services pour servir de garde du corps à la danseuse russe Nadia Blonsky qui est suivie par un mystérieux harceleur.
Celui-ci s’avère être l’ex-mari de Nadia, Emil Blonsky aka l’Abomination, qui se morfond sur sa vie passée et voudrait enfin retrouver sa femme.
Il profite de la confusion suivant les actions de Thanos et de la disparition soudaine de Hulk pour enlever sa belle et l’emmener dans les égouts.
De retour de son premier combat avec le Titan, Banner profite de son éphémère transformation microscopique pour jouer sur la foi d’Emil Blonsky.
Se faisant passer pour Dieu, il réussit à convaincre l’Abomination de relâcher sa femme et de garder le secret sur sa transformation afin que Nadia puisse continuer à vivre heureuse en chérissant le souvenir idéalisé d’un mari qu’elle croit défunt.
Malgré tout, le danger rôde toujours puisque Banner va bien vite se retrouver confronté à une autre menace qui a décidé de tirer parti de la panique ambiante. »

David accomplit ici un nouveau tour de force en nous contant une pure tragédie russe et réussit à donner à l’Abomination une nouvelle dimension.
Blonsky n’est plus un simple sparring-partner de Hulk mais un nouveau reflet de la condition du géant vert.
Il entre ainsi au panthéon des grands vilains Marvel, ces êtres tourmentés par leur condition et le lecteur, comme Hulk, se prend d’empathie pour cette bête qui ne pourra jamais retrouver sa belle.
PAD se fend au passage de clins d’oeil à la Belle et la Bête (la série), au Fantôme de l’Opéra et à la Métamorphose de Franz Kafka tout en jetant un premier coup d’oeil sur destin des grands exclus du rêve américain.
Les liens entre les deux hommes se resserrent et se teintent d’un respect mutuel tant Banner trouve en Blonsky et Nadia un écho douloureux à son propre couple.
La page finale du numéro 384 est certainement l’une des plus touchantes jamais écrite par le scénariste.
Il en profite d’ailleurs pour laisser l’intrigue d’Infinity Gauntlet complètement hors-champ, ce qui permet de lire ces épisodes en toute indépendance et renforce la noirceur de la disparition soudaine de la population qui croit venu le Jugement Dernier.
En restant au niveau de la rue, David confère une angoisse réellement palpable et fait prendre conscience au lecteur de la peur qui plane au-dessus des simples humains qui vivent dans ce monde peuplé de superslips et autre tarés cosmiques.

Et l’angoisse apocalyptique monte encore d’un cran avec l’épisode suivant où Hulk et le Panthéon essaient de contenir la population affolée de New York qui cède à ses plus bas instincts dont semble se délecter une entité qui attise tout ce chaos.
C’est probablement l’un des épisodes les plus noirs, les plus pessimistes écrit par David.
Quand l’Humanité perd tout espoir, elle est ravalée au rang de Bête et même ceux qui veulent réinstaurer un semblant d’ordre se retrouvent à faire des victimes.
La conclusion enfonce le clou de la noirceur puisqu’elle laisse le doute sur la nature de l’entité.
Peter David adresse au passage un clin d’oeil à l’immense série Twin Peaks de David Lynch (il récidivera dans les épisodes suivants).
En effet, comme pour le fameux Bob, il laisse planer le doute sur la nature de l’entité sévissant à New York puisque celle-ci peut tout aussi bien être un démon que la manifestation psychique des plus bas instincts de l’Humanité.
Le bilan est donc bien sombre pour Bruce Banner.
Déjà, après sa discussion avec Betty, une voiture avait fait les frais de sa colère.
Mais là, il ne réussit à défaire son ennemi qu’en cédant brièvement mais de manière effrayante à sa propre part d’ombre et à la folie ambiante.
La libération de ses instincts meurtriers et la manière dont il ment ensuite à Rick laisse entendre que la psyché du docteur Banner n’est peut-être pas aussi bien remise qu’il pouvait le sembler au premier abord.

Heureusement, PAD continue de contrebalancer tout cela avec un humour fracassant.
Rien que le début de l’épisode 383 démarre sur les chapeaux de roues avec les conséquences capillaires désastreuses pour Betty de la fameuse biture de l’épisode précédent et l’arrivée d’un Hulk qui croit qu’elle a fait ça pour lui.
Les mésaventures de Betty continuent ensuite avec un nouveau look de Barbie punk et ses débuts dans son nouveau boulot de standardiste pour un service d’aide psychologique.
Là, la nouvellement blonde Betty devient collègue avec la brune Veronica (qui doit rappeler un certain Dale… Cooper ou Keown?) entraînant un silence gêné hilarant entre les deux.
Hulk n’est pas en reste avec son combat contre un rat géant tout comme un Rick Jones dont les commentaires décalés ridiculisent quelque peu Ulysse et La Métamorphose.
Un Rick définitivement sur une autre planète puisque lorsqu’il disparaît à son tour, il s’inquiète de la répètition de son groupe mardi prochain.
Son passage dans l’autre monde ne l’a pas véritablement arrangé d’ailleurs puisqu’il est tout excité d’avoir jammé dans les cieux avec son idole Elvis.
Two for the show
Three to get ready
Now go, cat, go!! »
