
Etant donné que le cas d’Howard Chaykin sera abordé en profondeur dans l’article consacré au Marvel Graphic Novel Nick Fury & Wolverine, nous nous bornerons ici a rappeler rapidement quelques faits et à reprendre les choses à partir de la date de publication de ce récit.
Chaykin fut donc l’une des forces vives des comics indépendants durant les 70s grâce à sa participation à l’aventure Star*Reach, revue anthologique préfigurant Métal Hurlant, avant de faire partie de cette vague d’auteurs des années 80 qui permirent une maturation de l’écriture et du dessin au sein de cette industrie avec des œuvres telles que ses reprises du Shadow ou de Blackhawk mais aussi ses propres creator owned tels que American Flagg, Black Kiss ou encore Time².
Au sortir de sa grande œuvre érotique, Black Kiss, et de son MGN, Howard Chaykin continue de produire des comics de haute volée tels qu’un arc de Legends of the Dark Knight en compagnie de Gil Kane, une nouvelle série en solo sévèrement burnée pour Epic, Midnight Men, et Twilight, une mini-série dessinée par l’immense José-Luis Garcia-Lopez et qui se veut être aux héros de science-fiction DC ce que fut Watchmen aux super-héros.
Mais les deux œuvres qui marquèrent le plus les mémoires à cette période, malgré leur relatif échec commercial, furent celles qu’il produisit en compagnie de Mike Mignola.
Tout d’abord une adaptation bondissante des aventures des deux truculents héros d’heroic fantasy créés par Fritz Leiber, Fafhrd & The Grey Mouser, dans une mini-série pour le label Epic.
La seconde est un one-shot pour DC qui s’avère être une reprise d’un héros évoluant dans un univers Steampunk et dont il anima les aventures lors de ses débuts professionnels, Ironwolf : Fires of the Revolution.
On peut d’ailleurs remarquer dans les crédits de cette histoire que Chaykin est accompagné d’un co-scénariste que l’on retrouve au même poste pour ce Elseworld : John Francis Moore.
La rencontre entre les deux hommes a eu lieu peu après que Chaykin soit entré en négociations pour adapter son American Flagg à Hollywood.
Souhaitant étendre son champ d’activité, il planche aussi sur un scénario inédit de film qu’il réussit à vendre à un studio mais qui ne sera jamais tourné.
Peu après, il rencontre un jeune étudiant en art de l’Université de Californie lors d’une convention, John Francis Moore, et l’artiste sympathise bien vite avec son cadet.
Après quelques discussions autour de leurs passions communes, Chaykin engage Moore pour devenir son assistant sur American Flagg.
La collaboration des deux hommes se poursuit ensuite au travers de la petite lucarne puisque le duo se retrouve en charge des scénarios de l’adaptation télévisée des aventures de The Flash.
Forts de ces nouveaux contacts avec DC, Moore et Chaykin entendent parler de cette nouvelle collection que la maison d’édition s’apprête à lancer et écrivent bien vite le scénario d’un Elseworld qui enchante le staff éditorial qui signe tout de suite et annonce ce one-shot dès 1990.
Entre ce moment et la publication finale de cette rencontre entre Batman et Houdini, Moore aura eu le temps de se faire un petit nom en solo en produisant son propre arc de Legends of the Dark Knight (dessiné par P. Craig Russell) et en étant aux commandes de l’inattendue et excellente série Doom 2099.
Le hasard faisant bien les choses, ce Elseworld arrive sur les étals un mois après le 1er numéro des X-Men 2099 de Moore, s’attirant ainsi un regain de publicité indirecte.
Mais pourquoi donc ces trois ans d’attente depuis les premières annonces.
La raison en tient à l’artiste mettant en scène ce one-shot et futur directeur artistique de DC : Mark Chiarello.
Né le 31 octobre 1960, Mark Chiarello se passionne bien vite pour les arts graphiques et plus particulièrement la peinture sous toutes ses formes.
Cependant il ne fut pas un lecteur de comics avant la fin de ses études secondaires.
Il poursuit des études d’Art au sein du Pratt Institute de Brooklyn où il sympathise bien vite avec d’autres étudiants qui deviendront tous célèbres quelques années plus tard : Kent Williams, John Van Fleet et George Pratt.
L’amitié est telle entre les 4 jeunes hommes qu’ils décident finalement de partager un appartement ensemble le temps de leurs études.
Une fois son diplôme en poche, Chiarello trouve bien vite du travail au sein du département design du fameux parc Disneyworld de Floride.
Bien vite lassé d’un travail où la créativité artistique est très encadrée, il quitte cet emploi et se consacre à l’illustration de couvertures de romans et, grâce à ses amis qui ont déjà percé dans ce domaine, au petit monde des comics.
Il débute ainsi en tant que coloriste avant que son nom ne commence à devenir familier des lecteurs les plus attentifs grâce à quelques pin-ups et back-ups publiées chez Marvel, le plus souvent produite en collaboration avec son ami Kent Williams.
C’est Howard Chaykin qui permet à Chiarello de rejoindre DC, compagnie où il poursuivra sa carrière jusqu’aux plus hautes fonctions, en l’embarquant dans son projet Elseworld.
Souhaitant présenter un produit luxueux et se distinguant par son ambiance, il se dit que le jeune peintre est parfait pour donner une allure gothique à son récit.
Mark Chiarello n’est d’ailleurs pas qu’un simple exécutant mais bien une force créatrice à part entière de ce one-shot.
En effet, c’est lui qui emmène l’idée d’intégrer la figure d’Harry Houdini dans cette histoire.
Le célèbre illusionniste et artiste de l’évasion est considéré par les 3 hommes comme la première superstar du 20ème siècle ainsi qu’une des plus prégnantes figures du self-made man cher aux américains.
Cette fascination pour Houdini transpirera dans toutes les pages de ce Elseworld et la présence de son nom en couverture est méritée tant il est au même titre que Batman, voire plus, le héros de ce récit.

« Hiver 1907 à Gotham.
Harry Houdini arrive en ville pour poursuivre une tournée triomphale.
La rançon du succès pour l’homme du peuple qu’il se considère être est de côtoyer l’aristocratie gothamite dont il exècre les manières hypocrites.
Cependant, sont intérêt va très vite être captée par une série de disparitions d’enfants dans le quartier le plus pauvre de la ville: « L’Officine du Diable ».
Décidant d’enquêter sur ce mystère, Houdini ne sait pas encore qu’il bientôt se retrouver confronté à un homme chauve-souris, un tueur psychopathe souriant… et des légendes venues du fond des âges. »
Et ce Elseworld est… excellent !!!
A ce stade de notre rétrospective, c’est certainement le meilleur de la gamme depuis Gotham by Gaslight, oui, carrément !
Chaykin et Moore arrivent à produire un récit clair, intrigant, plein de rebondissements passionnants tout en arrivant à dépasser de manière très fine et subtile le statut de la simple enquête aux limites du fantastique pour nous livrer une étude pertinente des personnages et de l’époque dans laquelle ils sont mis en scène.
L’intrigue est donc classique mais rondement bien menée avec une maîtrise parfaite des schémas actanciels et séquentiels ainsi qu’une jolie science des dialogues qui arrivent à sonner surannés pour refléter l’ambiance du début du 20ème siècle tout en restant compréhensibles pour le lecteur moderne.
Si on peut dénoter que les deux artistes ont su reprendre certaines trouvailles de Gotham by Gaslight, ils arrivent à se démarquer du récit-modèle des Elserworlds en réussissant là où ce dernier avait un peu échoué.
A savoir que l’histoire fait peur, très peur même et bien que rien ne justifie une censure de la part du Comics Code, Moore et Chaykin savent parfaitement jouer des non-dits, des sous-entendus et des ellipses pour susciter l’effroi en nous.
Malgré son classicisme, l’histoire réserve néanmoins son lot de surprises qui tranchent avec les codes habituels des comics comme la sempiternelle baston avant l’alliance des héros ou bien la question de l’identité secrète de qui vous savez.
Les deux auteurs arrivent même à déjouer les attentes du lectorat quand à la nature de la menace qui plane sur Gotham avec un petit twist cohérent quant aux thèmes qui parcourent le fond de ce one-shot.

L’ambiance est gothique en diable, à l’instar d’un Gotham by Gaslight, mais les auteurs savent se démarquer en allant intégrer des références différentes.
Des références en droite ligne de l’expressionnisme allemand, ce qui est raccord avec les représentations habituelles du Batman.
Ainsi, les clins d’oeil à Nosferatu, M le Maudit, le Cabinet du Docteur Caligari ou L’Homme qui Rit sont aussi transparents que logiques mais néanmoins agréables pour le lecteur attentif et permettent de renforcer l’immersion dans ce petit monde.
En grand amateur de cinéma qu’il est, Howard Chaykin connaît ses classiques et les intègrent de manière organique à son histoire tout en sachant convoquer des références plus modernes et surprenantes comme le Angel Heart d’Alan Parker et Les Prédateurs de Tony Scott plus à même de faire frissonner le lectorat des années 80 sans que cela ne dénote par rapport au reste.
Derrière ce florilège de références de bon goût, nous avons droit à un portrait pour le moins surprenant, parfois « extrémiste », d’un trio de personnages gothamites bien connus.
Ainsi, la journaliste Vicky Vale se révèle être une femme moderne, une véritable suffragette en avance sur son temps, combative pour voir ses droits et son statut respecté par la société et acquiert autant de charme piquant que son équivalent supermanien, Lois Lane.
Plus surprenante encore est la version que nous propose Chaykin et Moore de Bruce Wayne/Batman.
En soi, c’est exactement le même personnage que l’on connaît au travers des comics DC sauf que les auteurs nous livrent une surprenante révélation au détour de quelques pages.
Cette révélation est un numéro d’acrobatie de très haut vol puisque le scénariste touche aux sacro-saintes origines de la chauve-souris.
Certes le meurtre des parents est toujours là mais il est dorénavant décorrélé de la mission et des motivations du Batman qui vont ici chercher du côté de la réalité historiques et des mythes vaudous (non, il n’est pas devenu un zombie, rassurez-vous).
Et pourtant ça marche, ça fait sens et cela permet de démontrer qu’avec un peu d’imagination et beaucoup de talent on peut arriver à toucher à un élément fondateur du mythe sans altérer la cohérence, la puissance et la pertinence de l’ensemble.
Un excellent travail de réflexion et de caractérisation du personnage que bien des spécialistes des reboots seraient avisés de lire afin d’en tirer leçon.
Mais le plus impressionnant reste peut-être le portrait que les deux compères font du Joker.

C’est probablement l’une des versions les plus terrifiantes jamais mises en scène de celui-ci.
Il n’est pas tant un maniaque homicide que la consécration des vices et des tares de cette époque, l’envers d’une société en pleine transformation technologique, économique, sociale et politique mais dont les fondations reposent encore sur l’exploitation des plus faibles et en premier lieu des enfants.
Jack Schadenfreude, le Joker donc, porte parfaitement son nom (Ce terme désigne en allemand cette sorte de jubilation, de rire un peu sadique et moqueur que l’on émet lorsqu’on voit quelqu’un se casser la figure par exemple) puisqu’il jubile réellement de sa place dans la société, qu’il tue impunément et fait son beurre sur le dos de ceux qui n’ont rien et sont trop faibles ou désespérés pour lui échapper.
Les auteurs poussent même le bouchon très très loin puisque le sadisme de ce Joker en fait un esclavagiste et tortionnaire d’enfants ainsi qu’un cannibale… et un prédateur de l’espèce la plus répugnante qui soit.
En effet, les scénaristes arrivent à placer une mention sur la sexualité abjecte et terrifiante de celui-ci de manière aussi claire que pudique et terrifient le lecteur tout en évitant l’écueil voyeuriste dans lequel ont pu tomber un Frank Miller dans Sin City, un Tom DeFalco dans le MGN Wolverine: Bloody Choices ou un Archie Goodwin dans son Batman : Des Cris dans la Nuit.
Ne nous trompons cependant pas quant au véritable héros de cette histoire.
Si Chaykin et Moore réinventent très bien les figures de Batman et du Joker, celui qui est au centre de toutes leurs attentions c’est véritablement Harry Houdini.

Il est d’ailleurs le narrateur de l’histoire et c’est par ses yeux que l’on observe cette réinvention de Gotham et sa faune.
Les auteurs rendent justice à un personnage pour le moins complexe qui aime illusionner son monde mais aussi démonter celui des autres, qui est un homme du peuple tout juste sorti du ghetto mais aussi une superstar et un émigrant s’étant frayé un chemin lui permettant de tutoyer les plus hauts aristocrates sans se soucier de leurs opinions.
Le personnage est un immense charmeur et dépeint comme une représentation des contradictions de son époque, un homme à la croisée des chemins qui est à la fois empreint de la culture et des superstitions de la vieille Europe tout en voulant se jeter à corps perdu dans les promesses d’un monde nouveau.
Il suffit de voir comment il bouscule Bruce Wayne ou le Comte Montenegro, considérant que les hommes sont égaux quels que soient leurs rangs ou leurs fortunes, mais comment il se fait dépasser et décontenancé par le féminisme de Vicky Vale.
Ainsi, le showman n’est jamais montré comme un homme à une seule facette mais bien comme quelqu’un ayant ses propres contradictions, défauts et faiblesses.
Il faut voir d’ailleurs la complexité de la relation qu’il entretient avec Batman, une relation fondée sur l’admiration et le respect envers le justicier dont il ne peut pourtant jamais s’empêcher de souligner les erreurs ou de le concurrencer pour (se) prouver sa propre supériorité et valeur.
Un individu pour le moins complexe donc.
Mais Houdini, tout autant que Batman, Vale, le Joker et les autres ne sont que le révélateur, le filtre qui permet à Chaykin et Moore de dépeindre une époque qui les passionnent avec ce qu’elle contient de promesses réelles et d’illusions.
Et le choix de faire de Harry Houdini le centre du récit n’est pas anodin puisque dans la vision de Chaykin, toute cette modernité et cette richesse du Nouveau Monde sont une illusion reposant en fait sur l’exploitation l’humain par l’humain.
Il ne faut pas oublier que Chaykin a des convictions très ancrées à gauche ou, comme il se décrit lui-même : « si Frank Miller est à une extrémité du spectre politique, considérez que je suis à l’autre ».
En conséquence, il ne faut pas s’étonner de la vision très noire qu’il a de la société américaine et de la notion de progrès de celle-ci et qui transparaît ici.
Heureusement pour le lecteur qui ne partage pas forcément ses vues, il le fait avec suffisamment de doigté pour que cette dimension n’occulte pas la lecture au premier degré de ce qui s’avère être un excellent thriller fantastique.
Reste que ce qui transparaît derrière cela est clair et que cette Officine du Diable qui donne son titre à ce Elseworld est bien celle d’un capitalisme débridé sans foi ni loi, d’une avidité qui se déploie sans gardes-fous et qui est personnifiée par le grand vilain de l’histoire qui se nourrit autant métaphoriquement que littéralement des personnes les plus faibles de la population comme un prédateur sans âme.

Mark Chiarello fournit lui aussi un travail de premier ordre sur cette histoire.
Il est revenu en détail sur la manière dont il a œuvré sur ce Devil’s Workshop dans le très intéressant ouvrage « Panel Discussions : Design in Sequential Art Storytelling » publié chez Twomorrows Publishings.
Bien que travaillant directement en peinture directe, il explique dans ce livre que, pour lui, la couleur occupe dans les comic books la place occupée par la bande-son et la musique dans un film.
Elle doit avoir une valeur atmosphérique qui permet de mettre l’emphase sur les différents éléments du récit afin de mieux les faire ressortir; elle ne doit être ni terre à terre et sans imagination ni sombrer dans une outrance qui efface la prestation de l’encreur et du dessinateur.
Un problème qui ne se pose donc pas pour notre homme puisqu’il travaille ses pages directement sous la forme d’aquarelles et que le travail sur la couleur devient partie intégrante du dessin, de la représentation de l’univers et de l’histoire dépeints.
Et l’histoire est véritablement au cœur du travail de Chiarello puisqu’il affirme dans le même ouvrage que l’étape des esquisses, de la mise en scène est la plus importante pour lui et que le modèle qui l’inspire est ce maître de l’épure qu’était Alex Toth.
Dans sa vision des choses, les comics n’ont qu’un seul but : raconter une histoire; et le dessinateur doit la servir du mieux possible afin de lui rendre justice plutôt que d’essayer à tout prix de briller avec force splash-pages et effets pyrotechniques non justifiés par le scénario.
Si Chiarello effectue un très bon travail sur la narration et la mise en page, il avoue que le travail de recherche et l’utilisation de photographies d’époque comme base pour ses dessins l’a empêché de donner le meilleur de lui-même.
L’homme est bien modeste tant le tout se dévore avec allégresse et que l’oeil glisse de case en case et de page en page avec une facilité et une clarté sans faille.

Comme dit plus haut, le travail sur les couleurs vient s’intégrer naturellement dans la construction des planches finales et ce sont elles qui servent à marquer les temps forts de l’histoire, les différentes émotions et actions que l’artiste souhaite mettre en valeur.
Ainsi, il utilise principalement, une palette très monochrome sur la plupart des cases et planches, et joue avec des couleurs ternes, sombres et froides… presque « désaturées » pourrait-on dire et malgré tout très impressionnistes.
Ce choix colle parfaitement au cadre du récit, l’hiver, au lieu de l’action, la très industrielle et enfumée Gotham, ainsi qu’au style de l’histoire à la croisée de l’étude sociale, du polar le plus noir et de l’expressionnisme fantastique.
Les couleurs vives agissent ainsi comme des « brisures », des apparitions brutales mais pensées qui mettent en valeur la beauté d’une femme, l’arrivée héroïque du Batman, l’irruption du surnaturel ou bien la violence d’un meurtre.
Autant dire que par sa démarche, le travail artistique de Chiarello sur ce Elseworld tranche d’avec le tout venant de l’époque, les Image Boys et la folie clinquante des premières couleurs informatiques, mais vieillit beaucoup mieux que ce qui fut une mode bien éphémère.
Le seul véritable bémol, et pas des moindres, à émettre est à l’encontre du lettrage de Ken Bruzenak.
Certes, ses idées d’utiliser une calligraphie cursive pour les pensées du narrateur et d’inspiration yiddish pour les habitants du ghetto juif de Gotham sont originales et font sens dans le cadre de l’histoire.
Cependant le résultat n’est pas toujours des plus lisibles pour le lecteur francophone et il faut parfois s’y prendre à deux fois pour déchiffrer une partie du texte.
Ne vous laissez cependant pas arrêter par ce petit défaut et ruez-vous plutôt sur cette œuvre, malheureusement toujours inédite en français offrant une relecture originale et passionnante du Batman couplée à un commentaire social fort et une intrigue sans faille.
Indispensable!!!
