L’épisode 393 est un numéro double puisqu’il célèbre le 30ème anniversaire de la création de Hulk.
L’histoire principale est encore une fois une belle réussite qui montre toute la connaissance qu’à Peter David de la série sur laquelle il officie.
« Il nous conte en effet comment Banner décide de torturer psychologiquement Igor, l’ancien espion soviétique responsable de l’accident l’ayant transformé en Hulk. »
David et Dale Keown se tirent habilement de l’exercice consistant à revenir sur le premier épisode en abordant un angle à la fois respectueux et original.
Respectueux parce que, comme aux premiers jours de la série, Hulk se retrouve confronté à de « vilains » cocos en la personne des ex-Super Soldats Soviétiques de Bill Mantlo.
Respectueux aussi dans la forme puisqu’une baston aussi survitaminée que « kyrbienne » en diable occupe la majorité des pages.
Le récit est aussi découpé en petits chapitres comme dans les premiers écrits de tontons Stan et Jack.
Mais l’angle est aussi original puisque la narration adopte le point de vue de la « victime » nous donnant ainsi à voir un Banner au moins aussi vindicatif et sadique que son alter-ego, nous poussant donc encore et toujours à nous demander si la synthèse de personnalités effectuée par Doc Samson à véritablement réussie.
Le grand succès est surtout d’avoir donné une réelle consistance à un personnage, Igor, qui n’était apparu qu’une fois et, à l’instar de l’Oncle Ben dans Amazing Fantasy, servait plus de ressort narratif que de personnalité à part entière.
Igor devient donc ainsi un être touchant et torturé cherchant la rédemption pour ses actes passés.
Conscient d’avoir brisé la vie d’un homme, il se raccroche comme un noyé à une bouée à l’idée que la création de Hulk fut aussi un bien pour l’Humanité même si c’est un piètre réconfort.
Cela permet aussi à PAD d’aborder en douceur le sort des vaincus de la Guerre Froide.
Que peut-il donc bien rester aux gens qui se sont battus et ont tout sacrifié pour un idéal une fois que celui-ci s’écroule?
C’est la question qui traverse tout à la fois Igor et les Super Soldats.
La back-up est plus légère et nous conte l’histoire d’un petit margoulin braqueur-arnaqueur qui a à chaque fois la malchance de croiser le chemin de Hulk.
PAD livre pour l’occasion une histoire aussi drôle que poétique sur les hasards de la vie tout en traversant les principales incarnations du géant gris, ou vert selon les saisons.
C’est un revenant bien connu de la série qui officie ici, à savoir le vétéran Herb Trimpe connu pour avoir donné l’image classique de Hulk et l’avoir dessiné durant 7 ans.
David fournit aussi un faux-rapport signé du docteur Léonard Samson et qui permet de retracer l’évolution du personnage-titre sous l’angle psychologique.
Un texte intéressant et bien utile pour le néophyte et qui fut publié en France dans le Strange Spécial Origines consacré aux 30 ans de Hulk, tout comme la galerie de splash-pages intitulée « Classic Hulk Battles » et qui complète le sommaire.
Après ces festivités en grandes pompes, la série marque un temps d’arrêt avec l’épisode suivant.
« Celui-ci raconte comment Hulk aide Atalante à échapper à un mystérieux poursuivant invincible au milieu de l’Himalaya.
Ce chasseur appelé Trauma cherche à venger son frère assassiné par la chasseresse mais il s’est petit à petit pris d’amour pour sa victime et est prêt à l’épargner si elle l’épouse.
Surclassés, Hulk et son amie ne devront leur salut qu’à l’effondrement d’une falaise. »
Clairement, cet épisode aurait tout du fill-in s’il ne plantait pas les graines d’un futur arc très important.
Mis à par cela, seul le début de dépression d’un Rick Jones rongé par la culpabilité empêche le lecteur de fermer l’oeil.
Il faut aussi y ajouter l’absence d’un Dale Keown remplacé par Andrew Wildman et, clairement, la comparaison ne se fait pas en faveur de l’intérimaire.
Heureusement, la série rebondit tout de suite après mais ce sera pour le prochain article.
Comics Oddities 