2099: The World of Tomorrow (of Yesterday), Graphic Nuggets, Marvel Extravaganza

Some Kind of Monster (Hulk 2099)

Hulk 2099.1
© Marvel Comics

Pitch : Welcome to the Freakshow !!!

Hulk 2099 est la troisième série de la seconde vague de titres 2099 lancés après un premier passage probant (ahem) au sein du magazine 2099 Unlimited.
La série ne fut pas publiée en France (excepté le second numéro d’Unlimited dans 2099 V.F. N°19) mais ne connut pas non plus une longue publication aux Etats-Unis (6 histoires dans Unlimited puis 10 numéros de la série éponyme).
Et honnêtement, après que votre serviteur se soit fadé la série, les raisons de cet échec sont facilement compréhensibles.

Petite remise en contexte avant de parler plus en avant de la série.
Suite au succès du Hulk de Peter David (et plus particulièrement des épisodes dessinés par Dale Keown), on voit fleurir durant cette première moitié des 90s pléthore de titres mettant en scène des gros baraqués monstrueux se foutant des peignées (Venom, Pitt, Maxx (mais Maxx c’est bien), Violator, Badrock, Sludge… ).
Cette prolifération s’observe surtout chez Image (mais aussi chez les autres éditeurs) où n’importe quel dessinateur débutant peut alors tomber des pages de castagnes sans queues ni têtes sans trop se soucier d’anatomie ou de perspective.
Soucieuse de ne pas laisser passer cette vague, Marvel décide alors de lancer une version futuriste de Hulk encore plus monstrueuse (dans tous les sens du terme) que son ancêtre.

Parallèlement, l’éditorial dut se dire que l’univers 2099 devait sembler un peu étriqué vu qu’excepté Doom 2099 tous les autres titres prennent place à New York et qu’il faudrait peut-être étendre un peu cette toile de fond avant de tourner en rond.
Du coup, dans la même logique que X-Men 2099 et Ghost Rider 2099 (se déroulant respectivement dans le sud-ouest américain et la région des Grands Lacs), notre nouveau verdâtre se voit projeté dans la Californie du futur.
Est-ce le fruit d’une logique capillotractée de l’éditorial marvelien ou est-ce dû à une autre raison mais le destin de cette nouvelle série se voit confier à Gerard Jones alors en charge de la série Wonder-Man qui s’intéresse alors aux déboires du super-héros acteur à Hollywood.

Mais bon, après tout pourquoi pas ?
L’auteur pourrait trouver ici un terrain adéquat afin de brosser une satire des us et coutumes californiens (mais ceci n’arrivera jamais).
Sur le plan graphique, Marvel confie les crayons à un dessinateur besogneux censé être « the next big thing » (but won’t happen) qui s’est longuement illustré sur les séries Cage et Black Panther et qui sort tout juste d’un arc sur Wolverine : Dwayne Turner.
Ce dernier quittera le navire après le second épisode pour se voir relayer par un certain J.J. Birch puis un inconnu dénommé Khato (Khato and the Green Giant. Huhuhu!) pour le dernier récit « hulkesque » publié au sein de 2099 Unlimited.

Hulk 2099.3
© Marvel Comics

Que dire de ces 6 épisodes ?
Ben, passé le numéro introductif, c’est….. vide !!!
On est en face d’une sorte de mini-série qui joue la montre par rapport à son pitch (Hulk recherche son ami enlevé) comme si l’auteur n’avait aucune idée de où mener sa série. De ce point de vue, l’hésitation permanente de Jones entre futur technologique et post-apocalyptique est assez symptomatique (mais paradoxalement et inconsciemment, reflète assez bien la nature duelle de son personnage).
En gros, ça sent à plein nez le coup du scénariste qui n’avait prévu d’écrire qu’un one-shot (assez sympa d’ailleurs) mais qui face au succès de ce dernier se trouve pressé d’écrire la suite et temporise en attendant savoir quoi faire.

L’histoire nous présente donc les errances d’un Hulk toujours prompt à se friter avec d’autres gros monstres passant par là avant de se conclure dans une sorte de remake de l’île du docteur Moreau.
Dans tous les cas, les dessineux tombent des pages et des pages remplies de gros bras aux designs franchement moches (ne serait-ce que le héros qui fleure bon le mix raté entre Hulk, Pitt et Venom) et de coups de poings et d’explosions en tous genres dont la répétitivité lénifiante endormira jusqu’au plus patient des lecteurs.

« En 2076, un groupe d’éco-terroristes fait sauter une bombe qui creuse un gouffre entre la Californie et le reste des USA dans le but de protéger les ressources de l’état face au reste du pays.
En 2099, un chasseur de concepts des studios Lotusland, John Eisenhart, est envoyé négocier les droits de l’histoire de la secte des Chevaliers de Banner qui vénèrent le premier Hulk.
Ces derniers l’envoient paître et Eisenhart les dénoncent aux forces de l’ordre.

Effrayé par la violence de ces dernières, il essaie de s’interposer et se trouve pris dans l’explosion d’un projecteur de rayons Gamma.
Devenant alors un nouveau Hulk et culpabilisant quant à son rôle dans cette affaire, il décide de recherche le dernier chevalier, Gaiwan, afin de le protéger.
Après de multiples bastons, il retrouvera ce dernier aux mains du Golden One, sorte de créature génétique eugéniste qui mène des expériences afin de créer la race parfaite. Après d’autres castagnes, Hulk défait the Golden One et part avec Gaiwan. »

Hulk 2099.4
© Marvel Comics

Comme on voit, c’est déjà pas la fête.
Mais bon, ces premiers épisodes possèdent un fil rouge (ténu) et auraient pu constituer une mini-série vite lue vite oubliée.
Mais il faut croire qu’en ces temps de folie sur le marché des comics les pérégrinations de ce Hulk eurent assez de succès puisque Marvel décide de lancer une série éponyme.
Le scénariste reste en place tandis que la partie graphique se stabilise autour de l’inconnu (et appelé à le rester) Malcolm Davis, parfois relayé par le débutant Joe Bennett ou le tâcheron Mike Gustovitch sans que jamais l’étincelle salvatrice ne vienne.

Si la version Unlimited s’avérait assez creuse mais lisible, la série Hulk 2099 s’avère une catastrophe à tous les niveaux, le scénariste semblant complètement désemparé de se voir embarqué là et, ne sachant quoi faire, part dans le bordel intégral puisque la série change de direction à chaque numéro.
Déjà, dès le premier numéro, et alors que précédemment la série semblait se diriger vers les thèmes de la culpabilité et de la rédemption avec la protection de Gaiwan, l’auteur fait un sort à ce personnage.

Le scénariste est ici en totale roue-libre et accumule les pérégrinations dans le chaos le plus absolu (les personnages changent de camp et d’avis d’une page à l’autre) et fait du verdâtre, dans le désordre:  un spartacus, un opposant à Doom, un asocial, un monstre souhaitant détruire la civilisation…
Bref, c’est la fête du slip et on navigue pas loin des eaux d’un Ravage 2099 qui vaudra au titre de se voir stopper au 10ème numéro.

Quasi-simultanément, Hulk voit son sort réglé dans le one-shot 2099 A.D : Apocalypse sans tenir compte de la continuité du titre, ce qui montre bien la volonté éditoriale de tirer un trait vite fait sur cet échec et la déliquescence de l’univers 2099 à ce moment là.
Alors qu’à la fin de sa série, Hulk émerge encore plus puissant et monstrueux des décombres d’une Californie entièrement ravagée par une bombe et un séisme, il se trouve tué sous son apparence habituelle par les hommes d’Hérod.

En bref, si la série présente parfois des thématiques qui auraient pu s’avérer intéressantes entre les mains d’un scénariste organisé (le petit monde d’Hollywood, l’opposition entre civilisation corrompue et « sauvagerie » salvatrice, l’eugénisme, les milieux survivalistes et les méfiances envers l’Etat), elles sont traitées tellement superficiellement et dans un tel bordel ambiant qu’il y a bien peu à sauver de tout cela.

A lire seulement si vous êtes masochistes.

Hulk 2099.2
© Marvel Comics

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