
Et pour le coup, on a enfin un event annuel lisible et cohérent.
Il faut dire qu’outre le choix logique des séries prenant part à l’intrigue, Peter David donne le « la » tant au niveau de l’histoire (qui découle en partie de la précédente rencontre des Defenders dans sa série) que du ton d’un crossover se décomposant comme suit :
- Hulk Annual 18 (Peter David/Kevin Maguire)
- Namor Annual 2 (Ron Marz/James Fry III)
- Silver Surfer Annual 5 (Ron Marz/Tom Morgan)
- Doctor Strange Annual 2 (Roy Thomas/M.C. Wyman)
Une fois n’est pas coutume, commençons donc par la back-up publiée dans la version intégrale Hulk n°10.
Elle conte une séance de bras de fer complètement décalée entre Hulk et son rival de toujours La Chose.
Une petite historiette sympathique qui fera sourire grâce aux prestations ridicules et totalement over the top des vilains pour distraire et éliminer les deux adversaires.
A noter que cette back-up est dessinée par un Travis Charest débutant et au style bien différent de celui qu’on lui connaîtra ensuite puisqu’il tente ici d’imiter Jim Lee de son mieux.
Il possède cependant un joli sens du mouvement et des expressions que l’on ne peut que regretter aujourd’hui au vu de son évolution vers une stylisation quelque peu figée.
Les autres back-ups sont inintéressantes à l’exception de la toute dernière qui est l’oeuvre d’un trio composé aux deux tiers de la future équipe artistique de Starman.
En effet, James Robinson au scénario et Tony Harris à l’encrage encadrent le dessinateur Joe Phillips et produisent une courte mais très intéressante et pertinente histoire consacrée à Doc Samson.
Le retournement final est tellement évident que l’on se demande bien comment personne n’y a jamais pensé auparavant et peut aussi s’intégrer parfaitement dans le run de PAD puisque Samson se demande ce qu’a bien pu devenir le Hulk sauvage, ce dernier semblant avoir disparu lors de la synthèse des personnalités de Banner.

Entrons donc maintenant dans le vif du sujet avec ce crossover lancé par PAD et qui se place d’entrée de jeu sous le sceau de l’action et de l’humour débridés:
« Un charlatan auteur d’ouvrages ésotériques à succès s’est allié à la créature interdimensionnelle qui avait déjà provoqué une réunion des Défenseurs dans Hulk 370-371.
Les deux travaillent au retour sur Terre d’un démon, The Wild One, qui leur a promis le pouvoir suprême.
La créature prend possession du corps et des ressources financières de Namor dont l’esprit se retrouve emprisonné dans le corps d’un démon.
Il utilise ensuite ses ressources pour publier un ouvrage enchanté du charlatan qui, lorsque lu à voix haute, permet à des démons d’investir le corps des gens.
Le démon/Namor part à Reno chercher l’aide de Hulk mais suite à un incident en plein combat, l’esprit de Namor se retrouve projeté… dans le corps de Rick Jones.
Le pauvre Namor va donc continuer l’aventure dans cette enveloppe même si Jones va plusieurs fois reprendre le contrôle, le tout emmenant son lot de situations cocasses.
Hulk et Rick the Sub-Mariner demandent l’aide du Docteur Strange qui enquête de son côté sur les mystérieux cas de possessions.
Pendant ce temps, le Surfer a des visions du retour du Wild One, ce qui le pousse à revenir vers la Terre tandis que les trois autres compères se rendent au siège d’Oracle (l’entreprise de Namor) afin de faire toute la lumière sur cette étrange affaire. »



Et cet annual est juste excellent.
Il faut dire que David est accompagné d’un cador au dessin, un artiste parfaitement à son aise dans le registre comique et la retranscription des expressions faciales dans toutes leurs diversités et leur nuances : Kevin Maguire.
Le bon Kevin effectue là l’une de ses rares prestations chez Marvel et s’en tire comme un chef tant le ton décalé de l’histoire s’approche de ses propres JLI/JLE produit chez DC.
En tout cas, le résultat est juste jouissif et désopilant.
Rien que la case d’un Rick Jones électrocuté s’exprimant avec toute l’arrogance et le snobisme de Namor est à mourir de rire.
Le reste est à l’avenant avec une succession de mésaventures et de dialogues totalement décalés entre les protagonistes dont on relèvera surtout la ridicule tenue d’un Hulk n’ayant pas eu le temps de se changer et obliger de courser les monstres habillé comme un explorateur caricatural du 19ème siècle.
Si bien sûr le schizophrénique Rick/Namor se taille la part du lion des situations et des répliques hilarantes, le reste du cast n’est pas en reste, que ce soit Hulk, Marlo, Betty, Ulysse (avec une allusion hilarante à Meat Loaf) ou même Doc Strange qui fait montre d’un humour à froid tout à fait charmant.
Une très belle réussite qui accroche immédiatement le lecteur et lui donne envie de plonger la tête la première dans la suite.
Chance pour nous, les autres équipes artistiques tentent de se mettre à l’avenant et même si leurs prestations sont un cran en dessous, le tout s’avère plus lisible et agréable que la plupart des annuals-crossovers.

Ainsi, Ron Marz introduit de saines doses d’humour dans ses annuals de Namor et du Surfer et continue d’entraîner nos héros dans une course-poursuite trépidante.
Certes, c’est un peu moins drôle et inventif que la partie écrite par PAD, certains gags ayant un peu trop tendance à se répéter, mais l’effort est méritoire et assez abouti.
On retiendra particulièrement le changement de « costume » de Rick.
Soucieux d’avoir une tenue digne de son port princier, il adopte le seyant slip de bain cher à Namor.
Marz réussit même à déjouer les attentes du lecteur puisqu’il passe son temps à nous préparer le retour d’un démon qui semble tout tenir de Chtulhu et qui s’avère au final être un morveux, une sorte de James Dean immature et hard rockeur avec cadillac et guitare électrique crachant des flammes.
James Fry rend encore une fois une bonne livraison graphique et même l’exaspérant Tom Morgan s’accorde finalement bien à l’ensemble, son trait outrancier et caricatural servant pour une fois assez bien au décalage ambiant.
Seul l’annual de Doc Strange déçoit.
Roy Thomas a bien du mal à véhiculer de l’humour au travers de son script et ses rares tentatives tombent quelque peu à plat.
Du coup, il se contente d’une grosse baston un peu bordélique digne des sixties et servie de surcroît par les dessins très raides de M.C. Wyman.
Un final qui tient malheureusement quelque peu du pétard mouillé.
Malgré tout, l’ensemble reste de très bonne tenue et constitue une très sympathique histoire d’été à lire sur la plage les pieds en éventail.

Je n’ose imaginer la taille des chaussettes de Hulk !
Ça sent le « klatuu barada nikto » cette histoire !
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