DC Extravaganza, Graphic Nuggets, Living at the Edge of the Worlds

The Golden Age III (James Robinson / Paul Smith)

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© DC Comics

Pour les chapitres précédents, c’est ici et là.

Tant au sein de l’industrie que de l’univers DC la Justice Society of America est la toute première équipe de super-héros.

Sortie des imaginations conjuguées de Gardner Fox et Sheldon Mayer, la JSA fait sa première apparition dans All-Star Comics 3 durant l’hiver 1940-41 et constitue un ticket gagnant pour son éditeur, All-American Publications (l’une des 2 compagnies dont la fusion donna naissance à DC Comics).
En effet, l’idée de réunir les principaux héros de la firme au sein d’un même titre est la preuve d’un instinct commercial certain puisque ce nouveau comic book permet d’attirer à lui le lectorat de chaque héros tout en donnant envie aux lecteurs d’All-Star Comics de jeter un oeil sur les titres solos.

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© DC Comics

Mettant en scène des héros venant à la fois d’All-American et de National Publications, la JSA se compose à l’origine des deux grandes têtes d’affiche que sont Flash et Green Lantern mais aussi de Dr Fate, Hour-Man, le Spectre, Sandman, Atom et Hawkman.
Cependant, il convient de noter que nous avons là affaire… à un faux titre d’équipe puisqu’il s’agit en fait de compilations d’épisodes de personnages agissant en solo unis par le (très léger) fil rouge que constitue la rencontre mensuelle des héros de la JSA pour se raconter leurs exploits les uns aux autres.

Même lorsque le titre se métamorphosera en véritable comic book d’équipe, les aventures garderont un canevas similaire avec une menace globale attaquant aux quatre coins de la planète, la JSA qui se sépare en plusieurs duos qui agiront dans des segments séparés avant une réunion des membres pour faire le bilan.
Ce schéma narratif perdurera des années et influencera nombre de titres avec en premier lieu leurs « héritiers » de la Justice League of America dans les années 60 mais aussi certains crossovers fameux comme Avengers-Defenders War, Avengers-JLA ou bien Avengers Forever.

Les plus sagaces auront remarqué qu’il manque quand même 3 grands héros à l’appel.
En effet, la future trinité de DC n’a qu’un lien très superficiel avec la Justice Society en raison des différents conflits d’intérêts entre National et All-American.
Ainsi, National rechigne à prêter ses différents héros que sont Flash, Green Lantern, Batman et Superman.
Les 2 premiers disparaissent d’ailleurs pendant quelques années de la JSA en raison de ces dissensions éditoriales tandis que les seconds sont affiliés du titre de membre honoraire sans pour autant apparaître dans All-Star Comics.

Quant à Wonder Woman, la libération de la femme n’étant malheureusement pas encore passée par là, elle apparaît bien dans le titre mais est reléguée au rang de simple secrétaire chargée de consigner les exploits de ses mâles collègues pourtant bien moins puissants qu’elle.
A l’instar de bien d’autres titres du Golden Age, la Justice Society s’éteint quelques temps après la fin du second conflit mondial.
Le retour de la Justice Society of America mettra des années à se concrétiser et sera la résultante de plusieurs facteurs qui involontairement donneront naissance à des caractéristiques majeures de l’univers DC.

En effet, lors du Silver Age, les editors préfèrent laisser de côté les itérations originales de Flash et autres Green Lantern, Atom ou Hawkman, les considérant comme dépassées pour leur lectorat, et préfèrent créer de nouvelles versions de ces différents héros.
Cette nouvelle flopée de héros rencontre bien vite le succès et on les regroupent en 1960 au sein d’un nouveau titre d’équipe, Justice League of America,  qui fonctionne peu ou prou selon le schéma de son vénérable ainé à la différence que Batman, Superman et Wonder Woman sont membres de plein droit et de plein pouvoir de l’équipe.

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© DC Comics

Malgré tout, certains fans ont la mémoire longue et aimeraient bien savoir ce que sont devenues les premières versions de Flash ou Green Lantern.
Comme le savent ceux qui ont lu l’introduction de cette série d’articles, Gardner Fox et Julius Schwartz vont leur donner réponse et satisfaction au sein de The Flash 123.
L’histoire « The Flash of Two Worlds » conte la rencontre entre le 1er et le 2d Flash et pose les fondations de la mythologie du Multiverse DC puisque l’explication donnée est que les nouveaux héros du Silver Age vivent sur la Terre 1 tandis que leurs ancêtres existent sur la Terre 2.

Petit à petit, les auteurs font mention de la JSA puis la font finalement apparaître dans The Flash 137 qui pave le chemin pour Justice League of America 21-23, première rencontre entre la JLA et la JSA.
Ce dernier arc est un tel succès que les crossovers JLA/JSA deviennent un rituel annuel avec souvent l’exploration d’une nouvelle Terre du Multiverse à la clef, étendant et complexifiant ainsi la notion de Multiverse au fur et à mesure des ans.

L’autre principale innovation de cette réintroduction de la Justice Society est de présenter des héros qui ont vieilli, ont clairement dans les 40-50 ans avec rides et cheveux gris, y compris les versions Golden Age de Batman, Superman et Wonder-Woman.
Par rapport à l’éternelle jeunesse des superslips, cette idée tranche alors singulièrement mais le lien mentor-élève qui s’établit entre eux et certains membre de la JLA introduit l’idée de générations de héros qui deviendra une autre composante majeure de l’univers DC.

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© DC Comics

Malgré le succès des apparitions de la Justice Society of America, il faut attendre 1976 pour voir l’équipe avoir à nouveau son propre titre, celui-là même où elle a débuté, All-Star Comics.
Cette dernière série introduit de nouveaux personnages qui se feront leur place au sein de l’univers DC comme Power Girl, cousine du Superman de l’âge d’or, ou Huntress, fille du Batman de cette Terre 2.

La série donne aussi une explication au pourquoi du comment les super-héros n’ont pas réussi à arrêter Adolf Hitler malgré leur puissance.
S’inspirant des fascinations ésotériques du dictateur, le scénariste Paul Levitz nous révèle que le leader nazi a mis la main sur la Lance d’Antioche (connue pour avoir percé le flanc du Christ lors de la crucifixion), objet capable d’annuler les pouvoirs des superslips.

Il explique aussi la disparition de l’équipe à la fin de la Seconde Guerre Mondiale suite aux investigations du Comité des Activités Anti-Américaines de l’ère McCarthy qui voulait les obliger à se démasquer et s’enrôler dans les forces américaines (Mais… mais… Civil War n’aurait donc rien inventé?).
Ces deux points auront leur importance dans la dernière partie de l’article mais nous y reviendrons en temps voulu.

Cette nouvelle série de la JSA tourne cependant court en 1979 et il faut attendre 2 ans avant que les vétérans reviennent sur le devant de la scène dans une de leurs versions les plus populaires.
L’artisan de ce renouveau c’est le roi es-continuité des comic-books, celui qui a donné cohérence à un univers Marvel disparate et qui trouve alors refuge chez DC suite à son conflit avec Jim Shooter : Roy Thomas.

Ayant déjà montré sa fascination pour le Golden Age des comics et pour la 2de Guerre Mondiale au travers de titres comme Invaders, Thomas compte faire de même chez DC et recréé une cohérence et un historique à l’univers de la JSA tout en le développant comme personne auparavant.
Il relance ainsi tout d’abord l’équipe au sein du titre All-Star Squadron en la replaçant dans son époque d’origine tout en accomplissant ce qui constitue le 1er retcon (retroactive continuity) officiel puisqu’il est le premier à utiliser ce terme pour décrire sa démarche sur la série.

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© DC Comics

Pourquoi retcon me dirait vous ?
Tout simplement parce Thomas décide de rapatrier les héros de la Terre X (les personnage de l’éditeur Quality rachetés par DC) sur la Terre 2 et d’effectuer un mix entre eux et la JSA.
Sa démarche est entre autre dictée par une volonté de « bouter » les héros doublons hors de la série, à savoir ceux qui ont un équivalent Silver Age (Flash, Green Lantern…) autant que faire se peut afin que son comic book puisse acquérir son identité propre.

Pari réussi puisque la série trouve très vite sa vitesse de croisière, malgré un acronyme du titre pour le moins comique (A.S.S.), et permet de donner une personnalité et de l’intérêt à des personnages souvent considérés comme de 3ème zone : Starman, Hourman, Liberty Belle, Johnny Quick, WildCat, Robotman, Dan the Dyna-Mite, Tarantula, Tigress…

La série est un tel succès qu’elle engendre rapidement son propre spin-off, Infinity Inc.
Ce dernier met en scène les héritiers et enfants de la JSA à notre époque qui décident de former leur propre équipe suite au refus de leurs mentors de leur laisser intégrer leurs rangs (Comme quoi, New Warriors ne fut jamais qu’un mix marvelien de New Teen Titans et Infinity Inc).

Outre l’exposition qu’elle donne à Huntress et Power Girl qui vont construire leur popularité au sein de la série, elle donne aussi naissance à des personnages qui deviendront des figures récurrentes de l’univers DC comme Jade et Obsidian, les enfants du 1er Green Lantern, ou Nuklon qui deviendra le Atom de l’ère contemporaine.
Les 2 séries développent une fanbase fidèle durant la première moitié des années 80 jusqu’à ce que Crisis on Infinite Earths vienne faire voler tout cela en éclats.

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© DC Comics

Si le fameux crossover a permit de mettre de l’ordre dans un univers DC un brin chaotique, il laissa aussi derrière lui son lot de « victimes » et les principales furent les séries les plus liées au passé (JSA/Infinity Inc) et au futur (Legion of Super-Heroes) « intradiégétique » de DC.
Tout ayant été unifié au sein d’une seule et même Terre, des décisions drastiques sont prises.
Ainsi, il est décidé que les Batman, Robin, Wonder Woman ou Superman du Golden Age n’ont jamais existé et que le reste de la JSA a été exilé dans une dimension parallèle peu après la 2de Guerre Mondiale pour combattre le Ragnarok en boucle.

Autant dire que les conséquences sont dramatiques pour Roy Thomas qui se voit retiré une bonne partie de son catalogue de personnages, doit tuer Huntress afin d’être en cohérence avec la nouvelle continuité (elle sera recréée plus tard sans lien de parenté avec Batman), réécrire des origines emberlificotées pour Power Girl, composer avec la nouvelle version post-Crisis d’Hawkman…

Il essaie de panser les plaies avec une nouvelle série, Young All-Stars qui remplace All-Stars Squadron, et qui re-re-raconte les aventures de la JSA durant la 2de Guerre en y expurgeant toutes références à la version Golden Age de la Trinité et au travers de la mini-série The Last Days of the Justice Society of America, consacré au fameux Ragnarok, mais on sent bien que l’envie n’y est plus.
De guerre lasse, il jette l’éponge et ses différentes séries s’éteignent en 1988.

Reste que Thomas a peut-être un peu trop bien fait son boulot durant son long run puisque bien des personnes se sont attachées aux personnages et que la plupart des editors et des lecteurs sont insatisfaits face au sort qui a été fait à tout ce pan de l’univers DC.
La compagnie tente de combler leurs attentes le temps de trouver une réelle solution en publiant une maxi-série consacrée à une dernière aventure des héros au début des années 50.

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© DC Comics

Finalement, DC prend pour prétexte l’un de ces multiples crossovers qui ne servent qu’à réparer les dégâts des précédents, Armageddon : Inferno, pour ramener la JSA au temps présent par un deus ex-machina bien téléphoné.
Tout est donc prêt pour la relance d’une nouvelle série JSA en 1992 qui ne dura qu’un an après de multiples vicissitudes de production.

En 1994, en parallèle de la publication des derniers épisodes de la mini-série Elseworld « The Golden Age », paraît le nouveau crossover bricorama de DC, Zero Hour: Crisis in Time, qui permet enfin de relancer de manière pérenne, à défaut de cohérente, les univers de la Legion of Super-Heroes et de la Justice Society of America.

Une partie de cette dernière équipe trouve la mort ou prend sa retraite durant le crossover afin de laisser leur place à leurs héritiers, pavant ainsi la voie pour une relance de l’équipe (qui attendra en fait encore 5 ans) qui agira comme une sorte de fusion des différentes séries de Roy Thomas et mettra l’accent sur les thèmes des générations, de la transmission et de l’héritage.

On trouve d’ailleurs dans les héritiers faisant leur apparition durant Zero Hour une création de James Robinson, Ted Knight, fils du Starman du Golden Age, qui se voit directement attribuer son propre titre, série qui deviendra le chef-d’oeuvre de son auteur : Starman.
Mais nous reviendrons sur les liens contradictoires existant entre The Golden Age, Zero Hour, Starman et l’univers DC dans la dernière partie de cet article.

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© DC Comics

La suite et fin? Ici!

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