
Et l’on aborde enfin le groupe de séries alors à la charge d’une certaine assistant editor et future grande scénariste qui brillera lors d’un run exemplaire sur Daredevil: Ann Nocenti !!
C’est elle que l’on voit portraiturée en Angel dans la « corner box » sur cette superbe couverture de Mike Zeck et Paul Neary.

Lorsque arrive l’Assistant Editors’ Month, la série Defenders se cherche alors un nouveau souffle et vient tout juste d’être relancée dans une nouvelle direction avec un casting renouvelé de personnages et une nouvelle équipe artistique, justifiant ainsi le retitrage de la série en The New Defenders.
TND est donc confiée aux crayons de Don Perlin et à la machine à écrire du scénariste alors en charge de Captain America : J.M. DeMatteis.
Profitant de ce nouveau terrain de jeu, le scénariste chamboule complètement la composition de l’équipe et s’essaie à un ton humoristique préfigurant ses JLA-JLI.
Suite à une prophétie annonçant qu’ils seront responsables de la fin du monde s’ils restent ensemble, les cadors des Defenders (Hulk, Doc Strange, le Silver Surfer et Namor) quittent le groupe.
Parallèlement, durant le mariage d’Hellstrom et Hellcat (grand moment nanardesque sur lequel il faudra un jour revenir), The Beast reforme les Defenders en rameutant ses 2 vieux copains Iceberg et Angel auxquels viennent se joindre les vétérans Gargoyle et Valkyrie.
La blonde ramène aussi dans ses bagages Moondragon (Odin l’a chargée d’apprendre l’humilité à la chauve suite aux évènements d’un numéro d’Avengers publié dans un Strange Spécial Origines 229 bis).
A partir de là, DeMatteis développe un ton très sitcom et s’intéresse plus aux gags et aux relations entre ses héros qu’à ses intrigues, très convenues et peu palpitantes au demeurant.
Ainsi Angel et Iceberg sont les deux nigauds de service (prototypes de Booster Gold et Blue Beetle) et partagent en permanence les mêmes bulles de pensées, The Beast veut être le chef mais tout le monde s’en fout et toute l’équipe veut se taper Moondragon (oui, Valkyrie aussi) et pense au cul en permanence.
A noter que c’est durant ces New Defenders que seront développés des personnages/situations/concepts qui seront réutilisés par d’autres (le dragon de la lune, Candy Southern, les relations compliquées entre Bobby Drake et ses parents..).
Ces divers éléments font que cette période de la série s’avère plus intéressante qu’elle n’y parait au premier abord.
On peut aussi voir dans TND l’une des influences de la reprise des Vengeurs par Brian Michael Bendis.

Mais revenons à cet épisode estampillé « Assistant Editors’ Month ».
Lorsque celui-ci survient, le scénariste est aux commandes depuis seulement deux numéros et vient de s’engager dans une longue saga.
Nocenti décide donc de ne pas déranger les plans du scénariste afin de lui permettre de poursuivre tranquillement son intrigue:
« Entre deux parlottes, les Defenders sont aux prises avec l’Empire Secret qui enlève la mutante (mais en fait pas vraiment) Cloud pour le compte du Professeur Power. L’épisode s’achève sur la défaite des Defenders mais introduit donc un futur membre au look bien kitsch.
Cloud est en effet une blonde à poil se baladant avec deux petits nuages autour d’elle pour protéger sa vertu (No kidding!! A croire que ça a été sponsorisé depuis le futur par Diz Nez +).
L’héroïne entraînera dans les épisodes suivants des révélations et des quiproquos sexuels désopilants sur lesquels nous reviendrons sûrement au travers de la section Fear Itself du site à un moment ou à un autre.

Néanmoins, ce comic book est bien à la fête de l’AEM avec la présence en introduction d’un court récit en deux pages de Nocenti.
Alors que la plupart de ces historiettes sont très anecdotiques et provoquent au mieux un sourire fugace, la future scénariste de Longshot fait ici montre d’un humour exquis et surtout d’intelligence et de bon goût en confiant les crayons à la vétérane Marie Severin.
Car si la sœur du regretté John a dessiné bien des séries de super-héros classiques, elle est aussi, et principalement, connue pour avoir fait partie du staff d’EC Comics et pour avoir été la principale productrice de bandes d’humour dans les magazines Marvel des sixties, Not Brand Ecch et Crazy (censés concurrencer MAD).
Une dessinatrice d’expérience donc et qui met son trait cartoony et ultra-détaillé au service du récit d’Ann Nocenti.
La scénariste se met en scène elle-même dans une version hystérique et mégalomane et qui montre que l’abus de récits de super-héros est dangereux pour la santé mentale avant que notre petite Assistant Editor ne soit rappelée à la réalité.
Le résultat est franchement réjouissant et réussit à ressusciter l’esprit déjanté des magazines d’humour sixties.
Une petite pépite de l’Assistant Editors Month et un numéro intéressant à plus d’un titre (l’éclosion du DeMatteis humoriste, les relations entre Drake et ses parents…) d’une période des Defenders inconnue du lecteur de VF.
La série poursuivra son chemin pendant deux ans avant de se voir conclure abruptement afin de libérer les personnages de The Beast, Angel et Iceberg suite à la résurrection de la nymphomane mutante rousse et en vue du lancement d’X-Factor mais ceci est une autre histoire.
Une réussite de la part d’Ann Nocenti qui réitère ce succès (dans un registre très différent) sur The Incredible Hulk.

