
La couverture, malgré la présence d’une Ann Nocenti « hulkifiée » dans le timbre, donne le ton et montre qu’on ne sera pas dans le registre de la comédie cette fois-ci.
Suite aux précédentes aventures du géant vert, nous sommes ici à un moment clé et dramatique de la série et l’éditrice sait qu’inclure un délire dans ce numéro serait malvenu.
Du coup, Nocenti adopte ici une approche originale de la thématique du « quatrième mur » et effectue vrai coup de génie pour à la fois se conformer à l’Assistant Editors’ Month et servir au mieux la série dont elle a la charge.
C’est ainsi que la future scénariste de Daredevil se met en scène dans quelques pages encadrant l’histoire de l’équipe (très) régulière composée de Bill Mantlo et Sal Buscema.
Comme pour The Thing, Dazzler ou Crystar, le héros rencontre ici son assistant editor. Sauf que Nocenti, au lieu d’adopter un versant bouffon comme ses confrères, décide de donner un ton sérieux à son histoire….. et ça fonctionne complètement !!!
« Tout commence à New York, sous la pluie, dans un ton très roman noir.
Annie Nocenti est en train de corriger des épreuves de l’épisode du mois.
Survient alors le docteur Banner qui souhaite se confier et chercher conseil quant à un dilemme concernant son plus farouche adversaire, le général Thaddeus « Thunderbolt » Ross.
La scénariste se portraiture elle-même en confidente de Hulk et nous livre, en sous-texte, sa perception de ce que représente le géant vert et son alter-ego et tout ce qui les séparent de Ross.
Ayant aidé le docteur Banner à faire le point et à effectuer son choix, elle le laisse repartir sous la pluie. »




Notez au passage le post-it Longshot sur le mur qui montre que la scénariste avait déjà en tête son futur projet dès cette époque.
Et nous passons ensuite à l’épisode du jour proprement dit et qui met le général Ross face à ses actes passés.
Mantlo fait encore une fois preuve des qualités dont il peut faire montre en nous livrant un épisode qui est à la fois le sommet de toute une série d’évènements, un portrait intime de Ross nous permettant de mieux comprendre ce personnage et une parfaite porte d’entrée pour les nouveau lecteurs.
En effet, à l’instar d’Uncanny X-Men 138, cet épisode effectue un survol concis et clair de plus de 20 ans d’aventures éditoriales.
Ross, au bord du suicide, fait le bilan de sa vie et de sa lutte avec Hulk; lutte qui l’a emmené récemment à trahir son pays en s’alliant avec Modok et libérant l’Abomination (oui, c’est dans ce run que Jeph Loeb est venu chercher son inspiration pour ses délires sur Red Hulk).
Une belle réussite de Mantlo qui, avant Peter David, a introduit beaucoup d’éléments importants dans la mythologie du personnage (ne serait-ce que l’enfance maltraitée de Banner).
La dernière page revient sur Ann Nocenti et nous livre les réflexions de l’assistant editor dans une jolie mise en abîme.
Un excellent épisode de Hulk donc et l’une des franches réussites de l’Assistant Editors’ Month dont on ne peut que regretter l’absence en VF (Arédit a coulé avant d’aborder cette période et Lug ne reprendra Hulk que des années plus tard).
En tout cas, Nocenti fait montre ici de sa sensibilité et de ses talents d’écriture prouvant que un editor ça peut aussi savoir écrire.
