Assistant Editors' Month, Graphic Nuggets, Marvel Extravaganza, Marvel Special Months

All The Madmen (Assistant Editors’ Month)

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©Marvel Comics

Bon, replaçons d’abord le contexte vu qu’on parle de temps préhistoriques pour le lecteur français moyen qui était alors bien jeune voire pas encore né.
Nous sommes alors en 1983 et la direction éditoriale de Marvel est aux mains de Jim Shooter depuis 5 ans.

Acteur précoce dans l’univers des comics (il a fourni ses premiers scénarios pour la Légion des Super-Héros à l’âge de 14 ans), il se retrouve propulsé aux manettes de la Maison aux Idées en 1978 après une décennie marqué par un certain chaos éditorial (défilé d’Editors in chief, comics sortant en retard ou dans le désordre..) et un recul certain des ventes.

Shooter redresse la barre au delà des espérances vu qu’une bonne partie des grands succès artistiques et commerciaux sont publiés sous son règne : Les X-Men de Chris Claremont et John Byrne, les Daredevil de Frank Miller, les Spider-Man de Roger Stern et John Romita  Jr, les Avengers du même Stern, les Fantastic Four et Alpha Flight de Byrne, les Thor de Walt Simonson, la ligne Epic, Rom, les Micronautes…
Bref, peut-être la période la plus faste de Marvel autant sur le plan artistique que commercial après l’âge d’or des années 60 et devant le léger rebond du début des années 2000 sous la férule du tandem Joe Quesada/Bill Jemas.

Editor possédant une vision puissante et claire de ce qu’il veut faire chez Marvel, Shooter est attaché à la qualité et à la régularité des séries publiées.
C’est ainsi qu’il institue un système de bonus-malus visant à assurer le respect des deadlines et instaura la pratique des histoires d’inventaire afin d’assurer la présence d’un titre en kiosque même en cas de retard.
Néanmoins, dans cet taylorisme ambiant, Shooter essaye de continuer à projeter l’image d’une communauté Marvel et d’une atmosphère familiale au sein du Bullpen Marvel (peut-être afin de contrebalancer l’image dictatoriale que certains auteurs donnent de lui).
Afin de répondre à ce double impératif de régularité et de communication, Jim Shooter lance l’une des initiatives les plus étranges jamais vue chez Marvel : le Marvel Assistant Editors Month.

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©Marvel Comics

Annoncée dans les différents courriers des lecteurs, cette opération prend pour prétexte le départ pour la convention de San Diego du staff éditorial et nous informe donc que, durant ce mois, une partie des titres seront entièrement supervisés par les assistant editors pour le meilleur et pour le pire, enfin surtout le pire.
Marvel délivre donc durant le mois de Janvier 1984 une bonne tripotée de comics se voulant humoristiques, méta-linguistiques, expérimentaux voire carrément « what the fuck ».

Les différents épisodes concernés se voient ainsi ornés du timbre que publié en tête de cet article, de couvertures différentes, d’un courrier des lecteurs décalé et autres trouvailles marketing permettant de les distinguer de la production usuelle.
Connaissant le système d’édition des comic books, qui veut que les comics soient écrits des mois avant le mois de publication indiqué sur la couverture, cette opération se révèle en fait être un pur gimmick de communication afin de montrer que « Hey, kids !! Look at all the fun happening in the Marvel Bullpen » et que les comics Marvel arrivent chaque mois dans les boutiques quoi qu’il se passe.

Mais comme un retour de bâton ou une survivance des seventies, la publication de ces comics fut bien anarchique étant donné qu’on trouve pêle-mêle : des numéros sortant en retard ou en avance (conséquence de la récente politique de Marvel d’investir le marché des comic shops en parallèle de l’habituel circuit des news stands (l’équivalent de nos kiosques)), d’épisodes publiés avec le timbre « Assistant Editors Month » mais non concernés par l’opération, d’épisodes sans le timbre mais concernés… ce qui n’a pas facilité la tâche de votre serviteur pour regrouper et chroniquer tout ça mais à coeur vaillant rien d’impossible.

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