
Et c’est reparti avec la bouse annue…. errr… le crossover annuel de l’année 1991 (enfin, l’un d’entre eux).
Alors là, pour le coup il n’y a vraiment pas grand chose à tirer de ce gros bazar.
A côté de ce pseudo-event, Atlantis Attacks et Evolutionary War paraissent presque acceptables.
Le crossover reprend d’ailleurs la structure bordélique des deux « oeuvres » précitées sauf qu’au lieu de confronter les superslips à tout ce que Marvel compte de poiscaille ou d’expériences génétiques ratées, on les laissent cette fois-ci faire la nouba avec toute la faune souterraine existante : Homme-Taupe, Tyrannus, Déviants, Hommes de Lave…
Le crossover se compose comme suit :
- Avengers Annual 20 (Roy & Dann Thomas/Kevin West)
- Hulk Annual 17 (Peter David/Ron Wagner)
- Namor Annual 1 (Scott Lobdell/James Fry III)
- Iron Man Annual 12 (Roy & Dann Thomas/Tom Morgan)
- Avengers West Coast Annual 6 (Roy & Dann Thomas/George Freeman)


C’est donc Roy Thomas et sa femme les grands maîtres d’oeuvre de cette peignée générale.
Choix logique en fait puisque Roy avait déjà conté une guerre souterraine dans ses Fantastic Four des années 70.
Il faut croire cependant que lors des réunions éditoriales, le staff et les scénaristes n’étaient pas réellement motivés puisque l’idée est en fait sortie du cerveau du dessinateur Paul Ryan.
Histoire de donner une pseudo-justification à tout ce boxon, Thomas utilise son travail précédent, un one-shot sur les Eternals: The Herod Factor.
Suite aux événements de ce one-shot, une vilain Déviant pas beau tout plein décide de conquérir l’ensemble des royaumes souterrains obligeant leurs souverains respectifs à s’allier pour résister à l’envahisseur, même si bien évidemment, chacun va essayer de planter son voisin dans le dos.
Tout commence donc dans les pages d’Avengers où ces derniers sont appelés à la rescousse par les seigneurs des royaumes envahis.
On admirera au passage le grand sens tactique et le courage de Captain America qui décide de se casser avec la Veuve sous prétexte de retourner au manoir coordonner les actions de l’équipe ce qui entraînera la capture de tout le monde, les Vengeurs semblant être une belle équipe de branquignoles une fois privés de leur leader.
« Yo Steve !! Tu comptais pas plutôt pécho Natasha dans un coin ?
Dommage pour toi, vous vous êtes aussi fait capturer. »
C’est ensuite au tour de Hulk, Namor et Iron Man de se retrouver embarqués dans divers conflits souterrains sans importance si ce n’est de permettre à Thomas de frimer en montrant sa connaissance de la continuité (fallait vraiment vouloir la repêcher la reine Kala).
Heureusement, les Vengeurs de la Côte Ouest viendront à la rescousse libérer leurs petits camarades et donner la fessée au vilain méchant pas beau Déviant.


Honnêtement, c’est naze… mais alors très très naze.
Le couple Thomas est complètement à la ramasse et le style rempli de récitatifs du brave Roy a pris un sacré coup de vieux.
Et puis c’est sacrément moche aussi.
Entre le trio de tacherons composé de Kevin West, Ron Wagner, Tom Morgan et un George Freeman qui cachetonne comme un cochon, c’est la fête à la grimace et aux morphologies dignes des dessins d’un enfant de 5 ans.
Mention spéciale du jury à Tom Morgan qui te fera saigner les yeux plus rapidement qu’une prise de Ken le survivant dans ta face.
Dans cette catastrophe générale, seuls les épisodes de Hulk et de Namor relèvent la tête.
Certes, Scott Lobdell verse dans un pathos bien lourd à base d’allégorie tout aussi peu fine sur la Shoah (du Lobe d’Oreille pur jus, quoi!) mais ses textes se lisent mieux que ceux de Thomas.
Surtout, le sous-estimé James Fry III rend de jolies planches à mi-chemin entre le Mike Mignola pré-Hellboy et le Joe Quesada de l’époque.
Certainement l’annual le mieux dessiné du lot à défaut du mieux écrit.

Chance pour le lecteur, l’annual de Peter David est lui le mieux écrit et le plus déconnecté du reste.
Malgré tout, on sent bien que l’auteur n’est pas du tout inspiré par la saga à laquelle il doit prendre part et par le vieeeeeuuuux vilain qui effectue son retour dans les pages de Hulk : Tyrannus.
« L’immortel romain, coupé de sa fontaine de jouvence depuis l’invasion des déviants, se remet à vieillir.
Il enlève donc Betty (et Rick et Marlo qui traînaient dans le coin) afin de forcer Bruce à lui ramener une gourde de son fameux elixir. »
Avec un pitch aussi minimaliste et un vilain aussi ridicule que Tyrannus, PAD décide d’adopter résolument pour le ton de la farce.
Il ne croit pas lui-même à son intrigue et s’amuse (nous amuse) avec l’idiotie de cette situation par un festival de vannes incessantes.
Le trio Rick-Betty-Marlo se révèle particulièrement truculent avec des répliques pas piquées des vers.
Le scénariste en profite quand même au passage pour apporter un nouveau questionnement social en tournant en permanence en ridicule la quête de la beauté et de la jeunesse éternelle.

Du coup, on rit de bon cœur aux mésaventures de Betty et son cul plat ou face à la vanité de Tyrannus se plaignant de ses pattes d’oies et d’un cheveu blanc.
Le tout culmine dans une séquence croquignolette où la jeune femme initie le narcissique méchant aux joies du maquillage.
L’auteur continue néanmoins à creuser les relations compliquées du couple Banner (nous sommes au début du run du Panthéon) avec une conclusion pas piquée des vers.
Voulant se venger de l’enlèvement de sa femme, Bruce réserve un châtiment particulièrement sadique à Tyrannus, ce qui envenime un peu plus ses relations avec sa femme qui ne goûte pas cette cruauté gratuite.
Un annual qui se révèle finalement bien lisible malgré un dessinateur lénifiant au possible.
C’est bien toute la verve du scénariste qui permet de sauver cet annual tant les dessins n’ont aucun intérêt.

Histoire de compenser et l’humour et le manque de qualité graphique, David écrit aussi une très jolie back-up (publiée dans le 100% Marvel : Futur Imparfait) mise en images de manière sobre et touchante par John Romita Sr.
Au travers de ce « Cercle Vicieux », un soldat raconte la première apparition de Hulk à son fils.
PAD en profite pour à la fois faire un rappel des origines de Hulk mais aussi pour faire un rappel thématique de son propre run puisque l’histoire s’attarde sur les rapports compliqués entre parents et enfants et fait écho de manière détournée à l’enfance malheureuse de Banner.
Une bien jolie réussite qui repose les fondamentaux de la série.
Nous vous épargnons cependant le compte-rendu des deux autres back-ups, non scénarisées par David, qui pourraient faire rentrer en hibernation même un cerveau shooté à 20 litres de caféine.
